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Enquête

LES RYTHMES ALTERNANTS AUSCULTÉS SUR LES SITES

Enquête | publié le : 17.12.2013 | V. L.

Dans le prolongement de son accord relatif à la pénibilité, le chimiste a entamé un diagnostic des situations existantes sur ses sites. Un travail collectif qui lui permettra de faire des propositions d’aménagements d’horaires, sur des bases partagées.

La nature de ses activités contraint le chimiste Arkema à faire travailler une partie des salariés (29 %) en rythmes successifs alternants. En janvier 2012, l’entreprise a signé avec la CGT un accord relatif à la prévention de la pénibilité, texte qui intègre ces rythmes parmi les facteurs de pénibilité, aux côtés des contraintes physiques marquées et de l’environnement physique agressif.

Pour mieux prévenir ces risques, un diagnostic des situations existantes a été entrepris, afin de conduire à l’élaboration de plans d’actions locaux. « Notre approche s’appuie sur l’analyse du travail réel, explique Dominique Massoni, directrice développement RH & communication interne. Nous avons étudié les situations de travail à partir d’un prédiagnostic avec l’appui de l’INRS, puis avec l’accompagnement d’un cabinet spécialisé en ergonomie. »

Une “roulette” maison

En interne, un groupe technique paritaire de prévention de la pénibilité comprenant, pour chaque site, un représentant du CHSCT, un représentant de l’organisation syndicale signataire, le médecin du travail, un représentant HSE et RH, suit ces différents travaux.

En ce qui concerne les rythmes alternants, sur de nombreux sites, “la roulette” – selon la dénomination d’Arkema – fonctionne ainsi : deux jours le matin, deux jours l’après-midi et deux jours la nuit. Les différentes pratiques de "roulette" sont en cours de recensement. « Nous avons travaillé avec le médecin coordonnateur d’Arkema et des experts des questions du sommeil et de la vigilance : Régis Mollard, professeur d’ergonomie à Paris-Descartes et spécialiste en chronobiologie, et Myriam Kerkhofs, psychologue au CHU de Charleroi, en Belgique. » L’entreprise a ainsi pu se forger une “doctrine” sur des pratiques plus favorables à la santé des salariés et un vade-mecum de préconisations a été élaboré pour les médecins du travail des différents sites.

Régis Mollard a aussi proposé à l’entreprise d’utiliser des modèles prédictifs du sommeil et de la vigilance, afin de réaliser un pronostic du risque fatigue: « Il s’agit d’une application informatique dans laquelle nous intégrons nos connaissances en chronobiologie, les grilles de services pratiquées et les estimations de durées de sommeil des salariés recueillies auprès d’eux. Ceci nous permet ensuite de prédire les opportunités de sommeil et les risques de somnolence pendant le travail en fonction des différentes modalités d’enchaînement et d’horaires de début et de fin de services qui pourraient être mises en œuvre dans l’entreprise. » Des données qui permettront d’alimenter la réflexion du CHSCT et des partenaires sociaux.

Des équilibres propres à chaque site

« Dans nos futures propositions d’aménagement horaire, nous devons aussi tenir compte des aspirations des salariés qui, en régions, souhaitent, par exemple, revenir déjeuner chez eux et apprécient de commencer tôt, souligne Dominique Massoni. Nous ne recherchons pas de modèle unique. Les équilibres que nous trouverons seront propres à chaque site. Et la décision finale sera prise avec les opérateurs, en toute connaissance de cause. »

« Dans l’ensemble, les roulettes vont dans le bon sens, constate Christian Lamotte, délégué syndical central CGT. Mais, sur certains sites, nous savons que les habitudes de prises de poste peuvent se faire à 4heures ou 5heures, alors qu’il vaudrait mieux privilégier une prise de poste à 6heures. C’est un sujet qui est encore en débat, car cela peut bouleverser des habitudes de vie sociale très anciennes. »

Au-delà des mesures d’aménagement recherchées, Arkema a prévu des dispositifs de cessation anticipée d’activité et un accord de dépostage qui permet de compenser la perte de rémunération lors d’un passage en poste de jour. La prime de poste de nuit est d’environ 25 % supérieure à la rémunération de base, selon la CGT, en fonction de plusieurs critères.

Jean-Philippe de Pieri, coordinateur central CFDT, non signataire de l’accord pénibilité, fait remarquer que « les nuisances ne sont prises en compte qu’à partir de vingt ans de poste, qui permettent d’anticiper de deux ans au maximum le départ à la retraite. Et si l’on veut passer à mi-temps à 55 ans, il faut trouver son double dans l’entreprise, ce qui n’est pas simple… » Pas simple non plus de retrouver un poste de jour dans des métiers spécifiques, souligne Christian Lamotte. Mais les demandes ne sont pas si nombreuses.

ARKEMA

• Activité : chimie.

• Effectifs : 14 000 salariés dans le monde, 6 700 en France.

• Chiffre d’affaires : 6,4 milliards d’euros dans le monde en 2012.

Auteur

  • V. L.