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Enquête

LES HORAIRES DÉCALÉS CHERCHENT LEUR GRILLE IDÉALE

Enquête | publié le : 17.12.2013 | C. R.

La compagnie souhaite intégrer les critères de santé dans la redéfinition des grilles horaires des mécaniciens, au même titre que les objectifs économiques. Une tâche délicate.

Une remise à plat des horaires postés: la division industrie d’Air France, regroupant des mécaniciens au sol, essentiellement à Roissy et à Orly, s’attelle à ce chantier depuis plusieurs mois sans être parvenue à la version définitive. Il faut dire que la tâche est ardue: à force de multiplier les cas de figure, une grille de… 500 horaires décalés régissait le planning de plusieurs milliers de salariés.

La réorganisation du temps de travail – dont son augmentation par diminution des jours de RTT – est contenue dans le plan de restructuration Transform présenté en début d’année. Elle se traduit par la volonté de simplifier les grilles horaires de la division industrie. « Pour nous, médecins du travail, c’était l’opportunité d’intervenir dès le stade de la conception afin de prendre en compte les recommandations de santé communément reconnues, notamment celles de la Haute autorité de santé (HAS) », souligne le Dr Brigitte Guidez.

En début de projet, les médecins ont édité à l’intention des fonctions RH un document de conseil, par exemple sur le respect des rythmes biologiques. Surtout, ils ont dressé une liste de 18 critères qui aboutiraient à une grille idéale du point de vue de la santé des salariés, parmi lesquels une seule nuit travaillée par semaine en moyenne, une fin de poste nocturne avant 6 h 15 et une prise de poste après 6 heures le matin, deux jours complets de repos après un travail de nuit, moins d’un week-end sur deux travaillé et jamais plus de deux week-ends successifs en poste. En sachant pertinemment que tout ne pourrait être pris en compte.

Le groupe de travail (direction, encadrement, salariés, médecins), qui fonctionne en interaction permanente avec le CHSCT selon la direction, a recherché « le meilleur compromis possible avec les autres critères de productivité, de respect de la réglementation, de prise en compte des attentes des salariés », indique Brigitte Guidez.

Indice de concordance

« Nous avons déterminé un indice de concordance d’un total de 100 entre les propositions de grilles et nos recommandations. S’il passait sous 50, nous considérions qu’il fallait retravailler le projet », ajoute le médecin.

Le projet de grilles construit cet automne réduit le nombre d’horaires à 145… tout de même. Une vingtaine d’entre eux n’atteint pas le seuil de 50 points de l’indice. D’où une nouvelle phase de travail… qui n’est pas près de s’arrêter selon les syndicats. Premier d’entre eux parmi les mécaniciens au sol, la CGT rapporte une vague de mécontentement importante engendrée par l’extrême variété des horaires.

Un cycle de 20 semaines

La dernière mouture proposée, actuellement en stand-by, ne fait ressembler aucune semaine de travail à la suivante pendant un cycle de 20 semaines. Elle ramènerait de trois à deux les horaires de matin (prise de poste à 5 h 45 ou 6 h 50). Elle prévoit un horaire unique de nuit, suivi de deux jours de repos au moins, comme le demandaient les médecins. Parmi les deux horaires d’après-midi, en revanche, l’un s’achève après l’heure de minuit, que le service santé au travail a considéré comme le maximum à ne pas dépasser. « L’objectif de productivité prime sur le reste, en premier lieu sur la réduction de la pénibilité, estime David Ricatte, porte-parole de la CGT Air France. Pour les salariés, il n’y a aucun rythme structuré, leur horloge biologique est déréglée. C’est le résultat d’une accumulation de complexités depuis les années 2000, dont on aura bien du mal à sortir. » La CFDT est dubitative également : « Ce qu’on voit pour l’instant, c’est une désorganisation qui va à l’encontre des objectifs d’améliorer la productivité et la polyvalence », souligne Christophe Dewatine, l’un de ses délégués d’Air France. Il est aussi lucide: « Nous, syndicats, on parle pénibilité. Mais les salariés, eux, pensent avant tout meilleure paie. »

AIR FRANCE INDUSTRIES

• Activité : compagnie aérienne.

• Effectifs : 69 550 salariés, dont 49 800 au sol en 2012.

• Chiffre d’affaires (avec KLM) : 25,6 milliards d’euros en 2012.

Auteur

  • C. R.