Quand la politique économique de la France est attaquée à droite comme à gauche, sans doute n’est-il pas de meilleur avocat pour la défendre que le ministre de l’Économie et des Finances lui-même. Écartant les accusations de bricolage sans cap clair pour l’action publique, l’auteur explique pourquoi et comment, dans la tourmente économique héritée de la crise financière et un contexte de concurrence mondiale exacerbée, le gouvernement a choisi la ligne sociodémocrate pour engager le pays dans la voie d’un réformisme moderne et progressiste.

Le titre de l’ouvrage montre assez la difficulté de ce choix politique comme celle de résister aux accusations ad hominem que celui-ci a déchaînées, notamment à l’occasion de l’affaire Cahuzac. L’ambition de l’auteur comme de l’homme d’État n’est rien moins que d’éviter que le politique soit purement et simplement balayé par les lois du marché, quitte, quand la situation l’impose, à savoir faire des compromis. Au-delà des échéances électorales à court terme, il souhaite inscrire l’action du gouvernement dans le moyen et le long terme en portant des projets de réforme, dont l’effet devrait s’inscrire à l’horizon non d’un ou deux ans, mais d’une décennie. Son inquiétude majeure est le fossé idéologique qui se creuse aujourd’hui entre les classes populaires et les classes moyennes et supérieures. Il n’est pour lui pas de réforme sociale profonde sans réconciliation entre le peuple et l’élite, d’où l’importance qu’il accorde à la communication, d’une part, et à la stabilité de l’action politique et sociale de l’autre. Eu égard à la grogne actuelle relative à la pression fiscale et aux reproches de manque de fermeté du gouvernement, le moins que l’on puisse dire, c’est que la partie semble aujourd’hui loin d’être gagnée.

Combats. Pour que la France s’en sorte

Pierre Moscovici, Flammarion, 220 pages, 19 euros.