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Ces personnes qui nous énervent

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET, CONSEIL EN ENTREPRISES À PARIS. <> | publié le : 10.12.2013 |

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Ces personnes qui nous énervent

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Au début, le comportement nous dérange, puis la répétition des mêmes situations cristallise le problème : on finit par ne plus supporter cette personne, ses façons de parler, ses manies, sa suffisance ou la façon dont elle occupe l’espace sans tenir compte des autres. Bref, la crispation monte, on s’énerve aux moindres détails de ses réactions face à l’équipe ou de ses commentaires en réunion. Que faire quand quelqu’un nous insupporte ?

Commençons par regarder la réalité en face : la personne ne va sans doute pas changer. Son comportement, aussi pénible soit-il à nos yeux, fait partie de sa personnalité, voire de sa “cuirasse émotionnelle”, cette protection que l’on met quand on n’est pas sûr de soi et que l’on espère donner le change en « jouant un rôle ». Si elle ne change pas, c’est donc à nous de prendre du recul pour que ces situations énervantes ne gâchent pas nos journées.

Deuxième registre de réflexion, plus subtil : la personne qui m’insupporte – autant que celle qui m’inspire –, bref, celle qui crée en moi une émotion forte, me raconte quelque chose sur moi-même. Regardons avec attention : la personne qui m’énerve présente souvent des traits de caractère ou des comportements que je n’aimerais surtout pas avoir. Soit parce que j’ai peur de devenir un peu comme elle si je ne me surveille pas, soit parce que j’ai subi dans mon passé des interlocuteurs qui avaient les mêmes travers et que cela me rappelle de mauvais souvenirs, soit encore parce que les réactions de la personne sont contraires à mes valeurs.

Vont facilement m’énerver un manager autoritaire si j’aime l’autonomie, un collègue lèche-bottes si j’apprécie le courage, un ambitieux qui place ses pions au lieu de jouer “équipe”, etc. La personne qui m’horripile me renvoie en fait un miroir des possibilités de la nature humaine (et donc de ma nature) que je n’aime pas. Elle peut aussi savoir faire plus brillamment que moi ce que j’aimerais réaliser et cela me rend nerveux, jaloux. Donc je la critique. Si je n’étais pas sensible au sujet, je ne serais pas touché à ce point. Sans le savoir, elle appuie en moi sur un point vulnérable. Prendre du recul, c’est commencer par mettre des mots sur le malaise que je ressens chaque fois que la personne rejoue son scénario. Et, progressivement, apprendre à me détacher.

Mais je peux retourner les choses en positif. La personne qui m’irrite peut être considérée comme un professeur placé sur mon chemin pour me faire grandir. (D’accord, c’est une hypothèse, et merci du cadeau !) Sur quel aspect de moi-même cette situation répétitive me demande-t-elle de grandir ? Par exemple l’acceptation des différences d’autrui, le détachement, la confiance en moi, mais peut-être également l’aptitude à tenir ma place, à partager mes idées, à ne pas me laisser marcher sur les pieds. Comment modifier ma réponse habituelle (et mon stress) pour ne pas consumer mon énergie quotidienne en agacements inutiles ?

Deux approches complémentaires peuvent nous aider à approfondir ces questions : écrire un journal personnel dans lequel on exprime son vécu, ses difficultés, ses joies et ses ressentis. L’écriture authentique apaise et aide à voir plus clair en soi. L’autre moyen est de parler à un ami proche, quelqu’un capable de nous écouter sans prendre parti ni entretenir la blessure. Quelqu’un qui va nous aider à prendre de la hauteur et à ne pas nous gâcher la vie pour une cause qui n’en vaut pas la peine.