Le développement du secteur tertiaire, localisé le plus souvent dans des bureaux du centre-ville ou des quartiers d’affaires, et l’éloignement des habitants de ces mêmes lieux vers les périphéries urbaines ou rurales, du fait du coût du foncier, a entraîné un développement sans précédent des déplacements domicile-travail, qui participe à la dégradation de l’expérience professionnelle.

Dans le même temps, les mobilités professionnelles, celles liées aux changements d’emplois de plus en plus fréquents, comme le fait que des salariés sont appelés à travailler hors de leur bureau, en déplacement ou en clientèle, excluent l’aménagement par le salarié de solutions raisonnables de proximité domicile-travail : de quoi saturer la demande de transports. Partant du principe qu’on ne peut indéfiniment augmenter les infrastructures de transport – qu’il s’agirait, en l’occurrence, d’une sorte d’acharnement thérapeutique incapable de guérir le malade –, l’auteur, sociologue, propose de tenter de résoudre ce double mouvement centripète et centrifuge en organisant autrement le travail : télétravail, centres de coworking, bureaux partagés… Mais encore faut-il prendre conscience des externalités négatives de la mobilité professionnelle en termes de coûts pour l’entreprise (le budget transport est le second budget des entreprises après le foncier), de fatigue pour les salariés, d’inefficacité organisationnelle et d’impact péjoratif sur la productivité.

Dans la mesure où la plupart des déplacements, mêmes longs et laborieux, restent des déplacements de proximité, le niveau local constitue la bonne échelle de réflexion, à condition que le travailleur soit le premier sollicité dans la mise en place de solutions d’aménagement des horaires ou de remplacement de la mobilité physique par la mobilité numérique.

Sans bureau fixe

Bruno Marzloff, Fyp éditions, 96 pages, 9,90 euros.