Plus les riches s’enrichissent mieux les pauvres vivent : l’argent descendant des plus fortunés irriguerait en quelque sorte toutes les sphères de la société. Or, les statistiques indiquent l’exact contraire : les sociétés les plus égalitaires sont aussi celles où la santé des citoyens est la meilleure, celle où la criminalité est la plus basse, la mobilité sociale et l’innovation les plus fortes. Par ailleurs, les citoyens interrogés sur les différents modèles économiques et sociaux semblent largement plébisciter les plus égalitaires.

Le paradoxe est que plus la société est inégalitaire et moins cela se voit, puisque les classes vivent davantage séparées les unes des autres, mais au détriment de la cohésion sociale. Pour les auteurs, professeurs d’épidémiologie à l’université de York, une saine vision écologique du social exige que l’on ­favorise la diminution de la consommation ostentatoire des plus aisés au profit de l’amélioration des conditions matérielles et psychologiques d’existence du plus grand nombre.

Le temps est donc venu, selon eux, du retour des théories égalitaristes, en y intégrant la composante écologique, puisqu’il est aussi prouvé que les sociétés les plus inégalitaires ont des empreintes écologiques plus élevées. Sans doute parce que les sociétés plus égalitaires produisent un sentiment de responsabilité plus fort. Une réactualisation innovante de la notion d’intérêt général.

Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous

Richard Wilkinson et Kate Pickett, Les Petits matins, 512 pages, 20 euros.