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La créativité des salariés est encore mal exploitée

Actualités | publié le : 26.11.2013 | HÉLÈNE TRUFFAUT

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Les éléments stimulant la créativité des salariés

Crédit photo HÉLÈNE TRUFFAUT

Selon la dernière enquête Capitalcom-Innov’Acteurs, les employeurs ont encore fort à faire pour libérer le potentiel de leurs collaborateurs. Demandeurs de temps et d’outils numériques ad hoc, ces derniers aimeraient aussi que leurs idées soient valorisées.

L’innovation participative, une évidence, tel est le thème qui sera développé lors de l’édition 2013 du Carrefour de l’innovation participative, le 29 novembre, à Paris. Organisée par Innov’­Acteurs, la journée de réflexion et d’échanges se terminera par la rituelle remise des trophées(1) qui récompensent des organisations ayant mis en place une telle démarche. L’occasion également, pour l’association, de dévoiler les résultats de la 2e enquête(2) réalisée avec Capitalcom sur le rapport à l’innovation des salariés.

« Nos membres sont tous des praticiens de l’innovation participative, essentiellement dans la qualité, la communication ou les ressources humaines, au sein de plus de 70 entreprises, explique Muriel Garcia, présidente d’Innov’Acteurs. Au-delà de notre réseau, nous souhaitions avoir le point de vue d’actifs sur cette problématique et ce qu’ils en connaissent dans leur vie professionnelle. » Premier constat : « Les salariés ont du potentiel et ont envie de se lancer »… pourvu qu’on leur en donne la possibilité. Ce qui, en revanche, est loin d’être acquis, même si le sujet gagne doucement du terrain dans les entreprises.

Objectif : créer de la valeur ajoutée

Ce que l’on entend par innovation participative ? Cest, selon Innov’Acteurs, « une démarche de management structurée qui vise à stimuler et à favoriser l’émission, la mise en œuvre et la diffusion d’idées par l’ensemble du personnel ». Son objectif : « Créer de la valeur ajoutée et faire progresser l’organisation. » « Ce n’est pas une nouvelle mode managériale, mais une démarche centenaire, qui se bonifie, précise Muriel Garcia. Nous passons peu à peu d’une innovation des salariés à une innovation plurielle – elle s’ouvre vers l’extérieur, les clients, les fournisseurs… –, intégrée – dans des démarches plus larges de qualité, d’amélioration continue –, créatrice de lien social et de performance. On est capable de dire ce que cela rapporte. »

Reste que, dans l’ensemble, les salariés aimeraient que leurs idées soient mieux prises en compte. Encore plus de la moitié des actifs interrogés (57 %) pensent que leur créativité n’est pas suffisamment sollicitée dans le cadre de leur activité professionnelle. Un taux en baisse de 8 points par rapport à l’année dernière, signe, selon Innov’Acteurs, que les entreprises prennent tout de même conscience du potentiel d’innovation que représentent leurs collaborateurs. D’autant que 40 % des sondés indiquent que leur capacité à proposer de nouvelles idées est évoquée durant leur entretien annuel d’évaluation. « Un réel progrès », commente la présidente.

Les trois quarts des personnes interrogées aimeraient, en tout cas, que leur employeur les incite davantage à innover. Et ils sont autant à attendre une « reconnaissance » si l’une de leurs idées était mise en œuvre. Parmi les facteurs incitatifs, l’aspect financier (prime, bonus) arrive en tête des réponses (38 %), devant l’évolution de carrière et la reconnaissance symbolique de la part du management (voir infographie). À noter que les seniors de 50 ans et plus sont davantage motivés par une récompense sonnante et trébuchante (41 %) que les jeunes de moins de 24 ans (35 %). Ceux-ci sont, en revanche, plus sensibles (23 %) que leur aînés (13 %) à un geste symbolique de leur hiérarchie.

Donner plus de sens au travail

L’enquête démontre aussi que l’innovation participative fait largement écho au besoin des salariés de donner plus de sens à leur travail. Pour la génération Y, c’est d’abord un générateur de lien social et d’interactivité. Pour les autres tranches d’âge, elle permet surtout de développer l’initiative individuelle et l’esprit d’entreprendre, et renforce la considération des salariés.

Mais le contexte actuel de travail et la pression à laquelle sont soumis les salariés ne libèrent guère leur créativité. Près des deux tiers des sondés (63 %) pensent d’ailleurs avoir l’esprit plus fécond en dehors de leur activité professionnelle. Et 69 % aspirent à disposer de davantage de temps au travail pour cultiver leurs idées. Pas sûr que les employeurs soient prêts à lâcher du lest. « C’est une vraie question, reconnaît Muriel Garcia, mais il faut bien en passer par là. »

Autre enseignement de l’étude : les deux tiers des salariés considèrent qu’une innovation co-construite avec les parties prenantes (clients, fournisseurs…) peut avoir un impact sur la compétivité. Enfin, les moyens proposés par les entreprises pour favoriser l’innovation restent très (trop ?) classiques, avec, en tête de liste, l’organisation de réunions en petit comité, suivie des boîtes à idées et des formations aux techniques de créativité (voir infographie). 28 % des actifs ne savent d’ailleurs même pas ce qui est mis en place. Les actifs ont une inclination nettement plus marquée que leur employeur pour le digital. Près d’un tiers des salariés (30 %) pointent d’ailleurs le décalage entre leurs usages numériques privés et ce qui se fait dans leur entreprise.

« L’objectif, c’est d’être agile et d’éviter la déperdition : les salariés savent être créatifs à l’extérieur de l’entreprise. Il faut favoriser l’expression de cette créativité sur leur lieu de travail », conclut Muriel Garcia.

1) 10es Trophées de l’innovation participative, organisés avec le concours de Novancia Business School Paris.

2) Enquête réalisée auprès d’un échantillon national de 800 personnes représentatives de la population active ayant un emploi, interrogées en ligne en octobre 2013.

Jamais sans le DRH

→ « Les services ressources humaines ont un rôle à jouer dans la promotion de la démarche, mais aussi dans la reconnaissance, qui doit se négocier : comment valorise-t-on, dans les parcours individuels de carrière et dans le cadre des mobilités internes et externes, les compétences acquises en termes de prise d’initiative, de qualité relationnelle, de maîtrise des outils de la créativité ? », liste la présidente d’Innov’Acteurs. Les RH doivent, en outre, proposer des programmes de formation appropriés. Et tenir compte des incidences sur l’organisation du travail. « Les RH sont aussi porteuses des pratiques managériales. Or, l’agilité et l’innovation ne peuvent pas fonctionner dans le cadre d’un management directif et technocratique », affirme-t-elle.

LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MISE SUR SON RÉSEAU INTERNATIONAL

L’année dernière, la Société générale a décroché l’un des trophées de l’innovation participative pour l’animation de sa démarche à l’international. Laquelle repose sur un réseau de 650 innov’acteurs, selon Muriel Benitah, responsable de l’innovation participative groupe. « Ces collaborateurs contribuent à diffuser la culture de l’innovation auprès de nos 154000 salariés, explique-t-elle. Ils les aident à concrétiser leurs idées dans le cadre d’un dispositif de plus en plus élaboré, qui fera d’ailleurs l’objet de formations en 2014. » Idées ex nihilo ou vues ailleurs, innovations dans le déroulement d’un processus opérationnel…: « Nous alimentons la démarche par le biais de séances de créativité. Et nous encourageons nos collaborateurs à nous soumettre leurs innovations déjà implémentées pour participer à nos trophées internes Innov’groupe, créés en 2003 », détaille-t-elle. Depuis deux ans, la Société générale a moissonné 1200 trouvailles. « Outre ce que cela leur apporte au quotidien, les salariés sont convaincus que l’innovation est un facteur différenciant pour l’entreprise », assure Muriel Benitah.

Auteur

  • HÉLÈNE TRUFFAUT