Les cadres ne sont plus à l’abri des turbulences : licenciement, chômage, mal-être au travail… Et pourtant, c’est un sujet qui reste encore largement tabou. Dans son récit, l’auteure, coach et psychanalyste, raconte son quotidien de consultante au sein d’un cabinet d’outplacement. Elle est chargée d’accompagner des cadres, cadres supérieurs et dirigeants, licenciés ou sur le point de l’être, à retrouver du travail (on parle un peu hypocritement de “transition professionnelle”…). Cet accompagnement, généralement d’un an, est pris en charge financièrement par les entreprises dans le cadre d’un plan social.

La consultante décrit les différentes étapes (négation, colère, abattement, épisode dépressif…) que traversent ces cadres privés du jour au lendemain de leur travail, de leur statut social, etc. avant de pouvoir se reconstruire et de bâtir un nouveau projet professionnel, souvent sous forme d’une reconversion. Lorsqu’ils arrivent devant elle, ces salariés sont fragilisés, car ils font fréquemment une confusion entre leur propre identité et leur identité sociale-professionnelle. Comme cela a été maintes fois décrit, ils donnent sans compter à leur entreprise, souvent au détriment de leur vie personnelle et familiale, et la perte de leur emploi leur ôte le sentiment d’exister.

L’auteure porte un regard critique sur ce “recyclage” mis au point par un système destructeur. Elle en parle d’autant mieux qu’elle-même a été rattrapée par le système qu’elle servait, lorsque son cabinet a été racheté par un fonds d’investissement. Un témoignage à la fois dur sur ces cadres qui subissent la transformation du travail et optimiste sur leur capacité de rebondir et de réinventer leur vie professionnelle.

Pour nous la vie va commencer

Carine Hahn, Les Arènes, 234 pages, 17 euros.