Être pauvre n’est pas simplement une galère pour boucler les fins de mois, c’est aussi la certitude de payer à peu près tout plus cher que les riches : le prix du mètre carré (plus cher pour les petites surfaces), les assurances (revues à la hausse quand le salaire est bas ou le quartier peu sûr), les crédits à la consommation… La différence des tarifs représente 6 % à 8 % du salaire des personnes concernées.

Le paradoxe est que le budget de la protection sociale atteint en France des records (un tiers du PIB) et que les salaires et le smic continuent régulièrement d’augmenter. Que faire ? Pour Martin Hirsch, l’initiateur du RSA, il faut être vigilant face aux fausses bonnes idées, notamment l’augmentation du smic, qui agit de manière insignifiante sur le pouvoir d’achat mais très importante sur les finances publiques par l’intermédiaire des allégements de charge sur les bas salaires, voire résister à la tentation simpliste de multiplier les systèmes de compensation à destination des plus démunis.

Pour mettre fin à la double peine qui frappe les pauvres, l’auteur préconise en revanche d’adopter un principe de progressivité universelle des tarifs qui permettrait de compléter notre dispositif de redistribution par un système de paiement en fonction des revenus pour tout ce qui dépend de la puissance publique, tout en inventant des partenariats publics-privés contre la pauvreté et en favorisant le social business. Un programme au moins aussi ambitieux que le RSA !

Cela devient cher d’être pauvre

Martin Hirsch, Stock, 216 pages, 12,50 euros.