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Grande-BretagneLA BANQUE D’ANGLETERRE S’ENGAGE DANS LA LUTTE CONTRE LE STRESS

Pratiques | International | publié le : 22.10.2013 | STÉPHANIE SALTI

L’adhésion de la Banque centrale d’Angleterre à un programme national de lutte contre les maladies mentales marque un changement de culture radical dans le secteur bancaire, très affecté par le stress au travail.

Il est un secteur où les problèmes de stress et de maladies mentales ne sont évoqués qu’à mi-voix, c’est le milieu bancaire. Dans un univers où la norme est la culture du zèle et du succès, l’adhésion au programme national “Time to change” de la Banque centrale d’Angleterre est d’autant plus notable. Cette initiative, destinée à lutter contre la discrimination à l’encontre des personnes atteintes de maladies mentales, marque le début d’une nouvelle ère.

Organisé par les associations caritatives Mind et Rethink Mental Illness, ce programme, auquel ont déjà pris part un certain nombre d’entreprises outre-Manche (BT, Accenture, Shell, Pepsico, British Gas, Lloyds Banking Group etc..) vise à modifier la perception qu’a le public des maladies mentales et à combattre la discrimination à l’encontre des personnes en souffrance.

Soutien aux salariés

Lors de la cérémonie de signature à ce programme début octobre, la Bank of England (BOE) rappelait que le stress n’avait pas épargné ses troupes depuis le début de la crise financière en 2007, et qu’une grande partie de ses 3 300 salariés avaient été confron­tés à ce problème : « Vous pouvez imaginer la culture et les préjugés qu’une organisation comme celle-ci a pu rencontrer par le passé, a souligné Spencer Dale, économiste en chef au sein de la Banque d’Angleterre. Pour nous, il existe une vraie raison de soutenir nos salariés. Mais nous signons également cette promesse pour montrer l’exemple. »

La Banque d’Angleterre possède d’ores et déjà un arsenal de mesures destinées à aider ses salariés touchés par le stress, et plus largement les maladies mentales. Outre une unité médicale en interne, la BOE dispose d’un conseiller et d’un programme d’assistance aux salariés (Employee Assistance Programme), dont l’objectif est de les aider à identifier les difficultés personnelles susceptibles d’influer sur leurs performances et à les résoudre.

Ces difficultés peuvent aussi bien toucher à la famille, à la santé, aux finances et au stress. L’organisme a également développé depuis novembre 2012 un réseau dédié à la santé mentale (Mental Health Network) doté de 70 membres, destiné à accroître la sensibilisation à ces problèmes. Dans le cadre de cette initiative, la BOE a convié récemment quelque 200 salariés à l’occasion d’un séminaire ad hoc et organise régulièrement des conférences animées par un psychiatre reconnu. Le réseau possède sa propre page dans l’intranet de la banque d’Angleterre.

Sans surprise, le groupe bancaire partiellement nationalisé Lloyds Banking Group fait partie des autres signataires du programme “Time to change” : l’établissement avait été fortement critiqué en 2011 pour sa gestion de la maladie de son directeur général, Antonio Horta-Osorio. Hospitalisé pendant une semaine, il avait dû subir une batterie d’entretiens et d’examens médicaux avant d’être autorisé à reprendre ses fonctions. Car, dans l’ensemble, le secteur bancaire outre-Manche peine encore à proposer des solutions adaptées aux problèmes de stress et de santé mentale sur le lieu de travail.

Au sein de RBS, l’autre grande banque partiellement nationalisée outre-Manche, les salariés se voient proposer une ligne téléphonique gratuite et un service Internet. Chez Barclays, un poste a été créé au sein de la direction des ressources humaines il y a deux ans, dans l’objectif de venir en aide aux salariés de sa banque d’investissement, touchés de plein fouet par la crise financière. La dernière victime est toute récente : le 15 octobre, Hector Sants, cadre dirigeant recruté il y a dix mois pour gérer les relations entre la banque, le régulateur et le gouvernement, prenait un congé maladie jusqu’à la fin de l’année pour cause de stress et de fatigue. Ce choix de lever le pied montre que les mentalités commencent à évoluer. L’adhésion de la Banque centrale d’Angleterre à “Time to change” va dans ce sens.

Auteur

  • STÉPHANIE SALTI