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De la compassion à la politique structurée

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 22.10.2013 | FLORENCE ROUX

La première convention entre les Hospices civils de Lyon et le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique, en 2008, a permis à l’établissement d’atteindre un taux de 6,36 % de salariés handicapés. Un nouvel accord mise sur la reconversion professionnelle.

Aux Hospices civils de Lyon (HCL), il y a un “avant” et un “après” 2008 en matière de handicap. Cette année-là, les HCL signent avec le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP, équivalent de l’Agefiph pour le secteur de la fonction publique) une convention qui les engage pour trois ans dans un programme d’intégration des salariés handicapés, moyennant des aides.

« Avant, notre politique visait déjà à 80 % au maintien dans l’emploi, explique Sandrine Poirson-Schmitt, DRH chargée du handicap à la direction du personnel. Nos métiers, avec brancardage et toilettes, sont très physiques. Mais tout était moins structuré. » Le Dr Olivier Robert, médecin du personnel à l’hôpital Édouard-Herriot (HEH), ajoute que, « quand un agent était en difficulté, l’équipe s’organisait pour prendre en charge tacitement une partie de son travail ». C’était un aménagement de poste informel. Cette tradition ne peut perdurer car, dit Joël Grostin, chargé du dossier HCL au FIPHFP, « on n’en est plus au stade compassionnel, mais à celui d’une politique structurée ».

Aujourd’hui, dans un contexte de crise (le CHU affichait, fin 2012, 891 millions d’euros de dette), le recrutement des salariés handicapés reste modeste, avec sept embauches lors de la convention 2008-2011, pour un peu plus de 16 000 salariés au total. C’est en renforçant et en structurant la politique de maintien dans l’emploi, qui a concerné 98 personnes sur cette période, que les HCL sont passés de 5,59 % de bénéficiaires de l’obligation d’emploi (BOE) en 2008 à 6,36 % en 2011. La première convention comptait un budget de 547 000 euros et a permis de réaliser 180 actions individuelles. Une convention intermédiaire pour 2012 a ajouté 150 000 euros, qui ont financé 87 nouvelles actions.

« Ces financements sont d’autant plus essentiels qu’ils sont fléchés par poste ou par projet d’accompagnement », précise Sandrine Poirson-Schmitt. Chacun correspond à une action prévue puis réalisée, qu’il s’agisse d’aménagement de poste ou de véhicule, d’aide aux transports, d’interprétariat en langue des signes ou d’accompagnement pour troubles psychiques.

« La convention avec le FIPHFP n’est pas une usine à gaz mais un système très concret, se félicite le Dr Olivier Robert. Elle a ainsi permis de lancer un projet d’équipement des kinés malvoyants pour un montant de 212 000 euros. »

Elle a également révélé de nombreux problèmes d’audition, trop peu connus auparavant, et elle a permis d’équiper de nombreux agents de prothèses très onéreuses.

Une vraie coordination entre les intervenants

L’exemple de l’accompagnement d’un salarié souffrant d’une hémiplégie avec limitation de la mobilité et du champ visuel (lire l’encadré) illustre la mise en place d’une vraie coordination autour des salariés handicapés, entre des responsables de terrain motivés et les membres du réseau handicap. Dès 2008, ce travail s’est structuré aux HCL entre un groupe central avec la DRH et des référents par pôle, des médecins du travail, des conseillers formation de carrières, des représentants de services sociaux et financiers.

Fort de cette dynamique, HCL vient de signer une seconde convention avec le FIPHFP pour la période 2013-2016 ; 600 000 euros sont prévus sur trois ans, et ils seront fortement orientés vers la reconversion et la formation. « Nous avons repris les axes de la première convention, remarque Sandrine Poirson-Schmitt, mais en renforçant les actions de reconversion pour soutenir le maintien dans l’emploi d’agents de service peu qualifiés dans des postes administratifs. » Au programme, notamment : bilans de compétences, tests de positionnement, contrats de professionnalisation de six mois avec formation de terrain et tutorat. Objectifs : se maintenir au-dessus de 6 % et limiter le nombre de retraites pour invalidité.

« Tout a changé »

Un exemple parmi d’autres, celui de Richard Roche, salarié des Hospices civils de Lyon souffrant d’une hémiplégie gauche avec limitation de la mobilité et du champ visuel. Pour lui, la convention est arrivée à point pour soutenir la démarche de son encadrement. En 2009, quand la fermeture de son site l’a obligé à rejoindre les archives centralisées, son travail se limitait à du tri simple de dossiers : « C’était radio-carton, radio-carton, résume-t-il en souriant. Puis tout a changé. »

Fort investi, son nouveau cadre, Paul Duval, fait évoluer son poste, en lien avec la médecine du travail et la responsable des conditions de travail du site, Michelle Entzmann, ergonome. Richard Roche se voit depuis confier des tâches de tri plus complexes, s’essaie à la destructrice d’archives, se forme au classement sur un PC adapté… « Aujourd’hui, Richard inventorie chaque jour sur informatique une centaine de dossiers, explique Michelle Entzmann. Et il veut faire un bilan de compétences et suivre de nouvelles formations à l’informatique. »

Auteur

  • FLORENCE ROUX