Pour un New-Deal entre les générations
On sait que les quinqua et les sexagénaires disposent d’un patrimoine plus important que les jeunes ; qu’ils ont connu des parcours d’emploi plus faciles que leurs cadets ; qu’ils ont su retourner leur veste après les révoltes libertaires des années 1968-1970, pour soutenir la libéralisation financière trente ans plus tard. En revanche, on ne se doutait pas que le fait d’être dans une période faste de l’histoire ne doit, au fond, pas grand-chose au hasard.
Comme la lutte des classes oppose les prolétaires aux nantis, les intérêts des uns se situant aux antipodes des intérêts des autres, la lutte des âges, partout dans le monde, oppose les seniors aux juniors, la chance des uns reposant sur l’exploitation des autres. L’auteur, essayiste et consultant, encore quadra, n’y va pas par quatre chemins : entre les générations existe aujourd’hui une vraie fracture, moins visible que la fracture sociale. Certes, selon lui, personne n’en est vraiment responsable puisque cette fracture n’est pas un choix mais une dérive : on n’a pas redressé la barre alors que la situation économique et sociale se détériorait pour le plus grand nombre. D’autant moins, évidemment, que les seniors sont aux commandes. Ils étaient habitués à récolter les fruits de la croissance, on les leur a laissés en pâture. Ils sont arrivés au pouvoir par la force de l’âge, ils s’y accrochent. Les jeunes, qui rament à trouver un emploi, dont l’horizon de retraite recule sans cesse, n’en finissent pas de payer les dettes collectives accumulées par leurs parents. Pour préserver l’avenir de tous et au nom de l’équité, le temps est venu d’un New-Deal entre les générations.
La Lutte des âges
Hakim El Karoui, Flammarion, 180 pages, 15 euros.
