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CanadaLA SANTÉ MENTALE, NOUVEAU CHEVAL DE BATAILLE DES GRANDES ENTREPRISES

Pratiques | International | publié le : 15.10.2013 | LUDOVIC HIRTZMANN

Les problèmes liés à la santé mentale au travail coûtent de plus en plus cher aux sociétés canadiennes. Beaucoup de grandes entreprises ont mis en place des outils pour accompagner ceux qui souffrent de dépression ou d’épuisement professionnel. Avec des premiers résultats encourageants.

Vingt milliards de dollars par an : le chiffre du coût de la santé mentale pour les organisations canadiennes a fait l’effet d’une bombe lors de sa récente publication par l’organisme de recherche Conference Board of Canada. Chaque jour, plus de 500 000 Canadiens sont absents du travail pour des raisons liées à la santé mentale. Un sondage mené par le cabinet de conseil Morneau Shepell révèle que 46 % des facteurs d’invalidité de courte durée y sont liés, contre 24 % pour les troubles musculo-squelettiques et 16 % pour des accidents. Et la Commission de la santé mentale du pays estime qu’ « entre 10 % et 25 % des coûts associés aux congés maladie pour troubles de santé mentaux au travail pourraient être évités ».

Un système de “pairs aidants”

Les autorités soutiennent donc les initiatives d’associations et d’organismes d’aide psychologique en milieu de travail. « Lorsque nous faisons nos campagnes annuelles d’information, nous nous apercevons que de plus en plus d’entreprises s’impliquent », confie Renée Ouimet, directrice de l’Association canadienne pour la santé mentale. Les grandes organisations sont à l’origine d’initiatives originales. L’un des quatre grands syndicats de la Belle Province, la Centrale des syndicats du Québec, a inventé un système de “pairs aidants”. Ces salariés acceptent, dans leur entreprise, de jouer le rôle de vigile pour détecter ceux de leurs collègues qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Afin d’aller encore plus loin, le Canada a adopté en janvier 2013 sa première “norme nationale en matière de santé et de sécurité psychologiques en milieu de travail”. Cette norme n’est pas pour l’instant contraignante, mais elle propose de l’information et des scénarios pour cerner et résoudre les risques et les problèmes de santé mentale au travail.

Surtout, de plus en plus de grandes entreprises, comme Alcoa ou le Mouvement Desjardins, « la banque des Québécois », ont conçu des programmes internes pour lutter contre la dépression, les phobies sociales ou faciliter le retour au travail de leurs collaborateurs. L’assureur Great West a créé un centre de santé mentale, également accessible sur Internet, en collaboration avec la Commission canadienne de la santé mentale, où chaque public cible de l’entreprise, cadres des ressources humaines, superviseurs, leaders syndicaux, trouvent des réponses et des outils.

Le géant des télécommunications Bell, pourtant plus connu pour ses licenciements sauvages que pour sa compassion envers ses travailleurs, a aussi choisi d’investir dans la détection des problèmes de santé mentale. Bell emploie 60 000 personnes au Canada. Depuis 2010, l’entreprise a mis en place un programme, Bell Let’s Talk (Bell Parlons-en), pour sensibiliser tous ses salariés à ce sujet.

Formation obligatoire chez Bell

Le programme est constitué de séminaires, d’e-learning sur la santé mentale et de rencontres avec des professionnels du milieu. « Nous avons mis en place des programmes de formation obligatoire en santé mentale pour les cadres, afin qu’ils disposent de renseignements et d’outils pour gérer les problèmes dans leurs équipes », confie Mary Deacon, présidente de Bell Let’s Talk. Les représentants syndicaux peuvent recevoir cette formation sur une base volontaire. Mary Deacon assure que le personnel de son entreprise a appris à gérer les troubles de santé mentale, et que les résultats sont encourageants. « Le nombre de congés maladie liés à la santé mentale a diminué », ajoute la présidente de Bell Let’s Talk.

Malgré la prise de conscience grandissante, beaucoup de travail reste à faire, particulièrement dans les petites structures. Selon Morneau Shepell, « moins de 20 % des entreprises ont mis en place une stratégie formelle en santé mentale ».

Auteur

  • LUDOVIC HIRTZMANN