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Enquête

LES SYNDICATS ONT LEUR INSTANCE DE CONCERTATION SUR LA STRATÉGIE

Enquête | publié le : 15.10.2013 | HUBERT HEULOT

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LES SYNDICATS ONT LEUR INSTANCE DE CONCERTATION SUR LA STRATÉGIE

Crédit photo HUBERT HEULOT

Créée par accord début 2012, l’instance de concertation sur la stratégie de la Société générale est plus performante pour créer du dialogue social que le conseil d’administration, où siègent deux administrateurs salariés.

Aux grands maux, les grands remèdes. Lancé dans une réduction de ses effectifs pour restaurer les bénéfices de la Société générale – 880 départs volontaires en France en 2012 –, Frédéric Oudéa, son Pdg, déclare fin 2012 « le collaborateur au cœur de la transformation de la banque », et propose aux syndicats un accord sur l’évolution des métiers et de l’emploi pour l’accompagner. L’accord est signé le 13 février par toutes les organisations représentatives (CFDT, CGT, CFTC, FO, CFE-CGC).

Nouveauté, une « instance de dialogue et de concertation sur la stratégie de l’entreprise » est créée. Le DRH la préside en compagnie du directeur des relations sociales. Les syndicats (deux représentants désignés par organisation) échangent en direct au moins une fois tous les trois mois avec un membre du comité exécutif ou de la direction.

Des acteurs engagés dans la transformation

Une demi-douzaine de réunions se sont tenues depuis février. Au menu de celle de début septembre, à laquelle participait Jean-François Sammarcelli, directeur général délégué, rien de moins que l’évolution du réseau d’agences.

« Nous donnons aux organisations syndicales davantage de visibilité sur la stratégie de la banque, ce qui leur permet d’être de vrais acteurs, engagés et crédibles dans sa transformation, résume André-Guy Turoche, responsable réglementations et négociations sociales. Pour nous dire les choses de façon ouverte, nous avons besoin de ce type de rencontres plus informelles, sans compte rendu ni décisions, qui permettent d’éviter les postures imposées de part et d’autre. » Dans la nouvelle instance, si les idées s’échangent, aucun document écrit ne circule.

Contre-pouvoir

« L’institution est jeune, elle se cherche encore. Beaucoup dépendra de la capacité de nos interlocuteurs à changer leur façon de penser et à intégrer nos propositions dans leurs décisions », observe de son côté Michel Marchet, qui y participe au titre de délégué national CGT. Celle-ci est la première organisation syndicale au siège de la Société générale, avec 40 % des voix aux dernières élections. « Nous essayons d’agir en contre-pouvoir, précise-t-il. Nos liens avec les salariés donnent de la qualité à nos propositions et créent un rapport de force. » La CGT prône par exemple que les agences deviennent des centres d’expertise en prêts immobiliers et sur les successions, afin d’apporter du service aux clients, et non plus seulement des points de vente. « Cela suppose d’investir : réduire les coûts à l’avenir passe par d’autres coûts aujourd’hui et une rentabilité moindre durant un certain temps. »

La Société générale le suivra-t-elle ? Michel Marchet estime que la nouvelle instance a déjà permis de réduire de 700 à 550 le nombre de postes des services RH transférés en Roumanie. À l’inverse, les syndicats n’ont pu éviter que la Société générale abandonne le financement de la construction d’avions, de bateaux et des investissements ferroviaires.

Pour la CGT comme pour André-Guy Turoche, la nouvelle instance apparaît plus performante pour créer du dialogue social que la présence de salariés au conseil d’administration, un legs de l’époque où la banque était nationalisée. « Ils sont interdits d’autres mandats ; en conseil, ils sont isolés et tenus à des règles de confidentialité si sévères qu’ils ne servent quasiment à rien », estime Michel Marchet.

Pour André-Guy Turoche, « le fonctionnement de l’institution est formel, mais reste cependant complémentaire ». Un jugement qu’un des administrateurs salariés, Béatrice Lepagnol, de la CFDT, partage : « Le conseil d’administration traite de l’ensemble du groupe, la nouvelle instance de la France seulement. Au conseil d’administration, bien plus en amont, nous remettons l’humain au centre des débats, et apportons du concret dans un lieu où les stratégies envisagées restent abstraites. »

Retrouvez l’accord de GPEC de la Société générale sur <www.wk-rh.fr>, Entreprise & Carrières ; docuthèque.

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE

• Activité : banque.

• Effectif : 153 000 salariés dans le monde.

• Produit net bancaire monde : 22,8 milliards d’euros en 2012.

Auteur

  • HUBERT HEULOT