Après cinq ans de crise économique, nous sommes plus que jamais pris dans cet étrange paradoxe : il faut à tout prix retrouver la croissance pour éviter le désastre social et économique qui menace nos modes de vie, mais, dans le même temps, nous ne pouvons pas ne pas dénoncer les méfaits de la croissance sur nos systèmes écologiques, voire sociaux. Car la croissance à ce jour semble n’être possible qu’à la condition d’accroître les inégalités entre les hommes, les genres, les pays, les régions du monde…

Pour l’auteure, professeure de sociologie à Paris-Dauphine et titulaire de la chaire Reconversion écologique, travail, emploi, politiques sociales au Collège d’études mondiales, il nous faudra à l’avenir bon gré mal gré sortir de l’aporie entre l’action de court terme et celle de long terme. Au nom de l’urgence immédiate, nous aggravons les problèmes qui nous guettent demain, ce qui ne peut que mal finir à l’évidence. La solution ne réside, selon elle, ni dans l’ascèse de la décroissance ni dans la fuite en avant des lendemains supposés enchantés de la croissance verte, mais dans le retour au sens de l’équilibre et de la mesure qui caractérisa en son temps la philosophie de la Grèce antique.

Il faut aujourd’hui non pas renoncer à la prospérité, mais bien remettre en question la logique de maximisation des profits pour quelques-uns. Mais bien sûr sans sacrifier ni un genre ni une catégorie de citoyens, comme le faisait la société grecque ancienne fondée sur l’esclavage. Le combat contre les inégalités est l’un levier majeur de la constitution d’une société viable pour tous au long cours.

La Mystique de la croissance

Dominique Méda, Flammarion, 272 pages, 17 euros.