Une piqûre de rappel en même temps qu’un accélérateur d’actions pour l’avenir : le premier Ergotour de l’entreprise de construction Pertuy (600 salariés) a rempli cette double fonction.

Pendant six semaines, au printemps dernier, cette filiale de Bouygues basée près de Nancy a fait tourner cette manifestation d’une demi-journée sur 11 de ses principaux chantiers de l’est de la France, à l’intention de ses compagnons-maçons et de ses chefs de chantier. « Nous souhaitions aller au plus près de ces collaborateurs afin de décliner avec eux, grâce à des cas concrets, les axes de notre politique de santé au travail et d’ergonomie au poste dont ils constituent le relais sur le terrain », expose le DRH Frédéric Pellerin.

L’Ergotour a rassemblé 85 % des compagnons, soit une participation d’environ 200 de ces ouvriers, selon Pertuy Construction.

La manifestation a été organisée en quatre ateliers d’une heure chacun, consacrés respectivement à l’échauffement, à l’aptitude et au handicap au travail, à l’allégement des matériels et à l’ergonomie. Ces thèmes sont rassemblés en une politique formalisée dans un accord d’entreprise sur la prévention et la réduction de la pénibilité, signé avec l’ensemble des syndicats en février 2012. Si la date de paraphe coïncide avec les échéances imposées aux grandes entreprises, « la démarche et la négociation sont bien antérieures à l’obligation légale », souligne Frédéric Pellerin. En 2006, l’échauffement préalable sur chantier a été la porte d’entrée de cette stratégie. « C’est un moyen efficace, car très parlant et court – une séance de 10 minutes – pour aborder le sujet de la santé et de l’hygiène au travail », estime Guilaine Robin, l’ergonome de Pertuy Construction. Généralisé depuis 2009, il est animé par les compagnons formés par des coachs sportifs professionnels.

Les restrictions médicales concernent près de 20 % des effectifs, un chiffre élevé, mais qui reste dans la moyenne de la profession selon l’entreprise.

La gestion de chaque cas individuel va de pair avec la construction d’une action en ergonomie, pour agir tant sur la conception des postes nouveaux que sur l’amélioration de l’existant. « L’approche classique de l’industrie par l’allégement et l’adaptation des postes fixes ne peut pas se calquer sur nos métiers itinérants d’un chantier à l’autre. Aussi, à l’échelle du groupe Bouygues Entreprises, nous avons conçu notre propre outil d’analyse des conditions de travail. Baptisé Acteo, il repose sur une cotation de la pénibilité des postes adaptée par rapport à celles de l’industrie : notre grille est particulièrement attentive, par exemple, aux risques liés à la circulation sur chantier, à la manutention et aux zones de stockage », expose Maude Demenois, responsable du pôle ergonomie de Bouygues Entreprises France-Europe.

Quelques mois après son organisation, l’Ergotour n’a pas introduit de nouvelles mesures phares mais, selon Pertuy, il a vulgarisé le concept d’ergonomie et dynamisé les propositions d’améliorations concrètes des conditions de travail venant des intervenants de chantier.

Ces idées pratiques se consignent et se traitent depuis deux ans dans une commission pénibilité paritaire. L’entreprise en compte 150 à ce jour.