Selon Michaël Leclair, directeur de l’entreprise adaptée APF à Ludres (54), « la démarche de GPEC qui nous a été proposée, notamment son outil e-FormAdapt, est remarquable par sa simplicité d’utilisation et par son intuitivité. Elle permet d’élaborer le passeport formation, de veiller à l’adaptation des postes de travail au handicap pour bien recruter, et aussi d’effectuer une prospective stratégique sur les talents auparavant masqués de chacun des salariés ».

Aider les salariés en situation de handicap des EA à monter en compétences afin, entre autres, de mieux répondre aux attentes des entreprises du milieu ordinaire, en quelque sorte de “monter en gamme”, est tout l’enjeu du pacte de professionnalisation lancé en décembre 2011 par l’Unea (Union nationale des entreprises adaptées), avec les soutiens financiers de la Société générale, d’Opcalia et le support technique de Co-Savoirs comme prestataire.

Une des stratégies du pacte est d’offrir aux EA une démarche simplifiée de GPEC utilisant 120 descriptions de fonctions conçues et déployées dans les comités des filières métiers Unea et des EA. Dotées de ces références cibles, elles disposent de moyens de développement collectif des compétences.

Concrètement, la première étape de la démarche consiste à déployer au sein des EA candidates (adhérentes ou non de l’Unea) l’outil en ligne e-FormAdapt de gestion des compétences, qui prend en charge l’essentiel du processus RH associé (référentiel des métiers et des compétences, entretiens professionnels, catalogue et besoins de formations, CV, passeports formation, matrices de compétences, etc.).

Les coûts d’acquisition et de maintenance du logiciel sont de 3 500 euros : « Ils ont été divisés par trois par rapport aux prix du marché grâce aux financements par la Société générale du Pacte de professionnalisation et à la mutualisation des coûts de conception et de développement, assure Philippe Gardères, directeur handicap à la Société générale. La banque a apporté son soutien financier et technique dans le but de pouvoir, à moyen terme, conclure des marchés plus importants, plus spécialisés et plus innovants avec le secteur adapté. »

La deuxième étape de la démarche repose sur la mise en place des cursus de formations en management des compétences pour accompagner le changement au niveau des dirigeants, DRH ou managers ; ainsi que des actions de sensibilisation des salariés en situation de handicap, afin de les inciter à être acteurs de leur propre projet professionnel.

Les valeurs ajoutées visées par cette démarche sont le partage des bonnes pratiques RH, la mutualisation des coûts d’acquisition et de maintenance, la diffusion du référentiel national de fiches de fonctions relatives aux 10 filières métiers de l’Unea, la possibilité de mutualiser au niveau régional et/ou national les besoins en formations de toutes les EA participantes…

En juin 2012, 131 EA se sont portées candidates pour un déploiement de la démarche sur la période du pacte de professionnalisation, de 2012 à 2014. L’Unea estime qu’à terme, elle devrait générer chaque année environ 9 000 dialogues de professionnalisation individuelle et de promotion des compétences des salariés en situation de handicap.

Un bilan précis sera effectué en décembre. Mais, d’ores et déjà, l’Unea dénombre plus de 1 000 utilisateurs du logiciel e-FormAdapt (salariés, managers, DRH, dirigeants d’EA) ; environ 2 200 entretiens professionnels de salariés en situation de handicap sur la période 2012-2013, dont 1 800 pour lesquels le projet de professionnalisation a été formalisé avec leurs responsables hiérarchiques directs.

De ces entretiens sont nés 60 contrats de professionnalisation (CAP paysagiste, conseiller relation à distance, technicien d’assistance informatique…), ainsi que 20 contrats en apprentissage (CAP maintenance et hygiène des locaux, CAP travaux paysagers, bac pro électrotechnique…) et 30 actions de VAE (CAP entretien des textiles en milieu industriel, CQP agent de fabrication industrielle, CQP ouvrier du composite…).

« Face aux demandes et aux exigences toujours plus fortes des clients, la volonté de la direction est d’alimenter les plans de formation, constate Philippe Hurteau, directeur du pôle travail de l’entreprise adaptée YMCA de Colomiers (77 salariés dont 70 travailleurs handicapés, en Haute-Garonne). C’est une des raisons pour lesquelles l’EA a entamé une démarche de GPEC. » Selon lui, auparavant, l’EA proposait toujours les mêmes formations : gestes et postures, produits sanitaires, informatiques, etc. : « Il s’agissait plus d’un copier-coller annuel. L’outil GPEC va nous permettre d’alimenter l’avenir, car c’est un bon support pour redonner de la qualité au travail de chacun et de l’assurance aux salariés comme aux managers. Le rôle du dirigeant d’EA est de faire monter en compétences l’ensemble des salariés et de travailler l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés. Par ailleurs, notre EA rassemblant trois conventions collectives, elle pourra, grâce à cet outil GPEC, leur donner une trajectoire commune. »