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La visioconférence tape dans l’œil des DRH

Pratiques | publié le : 08.10.2013 | JOSÉ GARCIA LOPEZ

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La visioconférence tape dans l’œil des DRH

Crédit photo JOSÉ GARCIA LOPEZ

Les webcams s’invitent dans les directions des ressources humaines. De plus en plus utilisées, des solutions logicielles permettent de présélectionner des candidats, voire de recruter à distance grâce à la vidéo. Avec de substantiels avantages pour les recruteurs comme pour les candidats.

Du face-à-face au face caméra : après le bulletin de paie et le contrat de travail, l’entretien d’embauche se dématérialise à son tour. Ces dernières années, le micromarché des outils de recrutement par visioconférence en mode SaaS a décollé. Sous sa double casquette d’éditeur et de chasseur de têtes, ImageInPeople a lancé sa plate-forme Web de visiorecrutement en 2010 (lire Entreprise & Carrières n° 1143 et 1147). Depuis, la société affiche un taux de croissance compris entre 80 % et 100 % par an sur ce créneau. La première motivation des adeptes du casting en ligne ? D’abord le gain de temps. Quand les entretiens virent à la course contre la montre, éviter les déplacements devient un moyen de gagner en réactivité.

Recruter en quelques jours

CPM France, société spécialisée dans la force de vente supplétive et l’animation commerciale, recrute des commerciaux et des animateurs commerciaux en masse – jusqu’à 1 500 par an – pour le compte d’entreprises, dans la France entière. Avec des délais de plus en plus serrés pour embaucher : « Nos clients peuvent nous demander de mettre à leur disposition des populations commerciales en quelques jours », raconte Caroline Fenolland, responsable du développement RH de CPM France. Il y a près de deux ans, elle a opté pour Visio4People, la solution d’ImageInPeople : « Les visio-entretiens sont moins contraignants à programmer que les entretiens de visu. Avec l’outil, nous parvenons à dialoguer avec des candidats que nous avons présélectionnés le jour-même. » Les délais moyens de recrutement dans le groupe sont tombés de six à quatre semaines ces trois dernières années.

Cette solution facilite aussi les rencontres entre interlocuteurs éloignés. De fait, si les « gentils recruteurs » du Club Med organisent des sessions d’entretiens collectives, ils ne se déplacent pas toujours pour les animer. Et ils utilisent le même outil que CPM France en cas d’imprévu ou de difficulté d’organisation. « En 2012, nous avons réalisé 650 visiorecrutements, dont 500 pour la France et l’Europe du Nord, soit près de 13 % des entretiens sur ce périmètre, explique Magali Aimé, directrice du recrutement villages Europe et Afrique. L’outil permet de repousser les limites géographiques de nos recrutements et d’entrer en contact rapidement avec des profils très prisés. »

La vidéo en différé remplace le CV

Ouvert aux candidats ressortissants de ses vingt États membres, le Centre européen de recherche nucléaire (Cern) a la même problématique d’embauche à l’international. Mais lui se sert de la vidéo en différé, avec la solution asynchrone de l’éditeur Sonru, pour présélectionner les postulants. Ici, point d’entretien : du traducteur à l’ingénieur, tous les prétendants à un poste répondent à un questionnaire en ligne face à une webcam. Les chargés de recrutement consultent ensuite, quand bon leur semble, les prestations sauvegardées en ligne. Le candidat sélectionné dispose, quant à lui, de plusieurs jours pour se connecter et s’enregistrer.

« Ce système permet d’obtenir davantage d’informations sur le candidat qu’un CV classique, un formulaire de candidature ou même un entretien téléphonique, note Anna Cook, responsable du recrutement du Cern. Nous ne convions à un entretien physique que les candidats dont le profil correspond au poste à pourvoir. » Un tel système permet aussi aux entreprises de réduire leurs coûts. Le Club Med aurait fait fondre son budget déplacements de 15 %, soit une économie d’environ 30 000 euros.

Mais une offre de visioconférence grand public de type Skype (Microsoft), FaceTime (Apple) ou Hangouts (Google) ne ferait-elle pas aussi bien l’affaire ? « La solution dédiée au visiorecrutement est un véritable outil de suivi des candidatures, répond Caroline Fenolland. Elle permet d’obtenir des statistiques, de conserver des archives et de partager des documents. Il est aussi possible d’enregistrer une vidéo de motivation du candidat et de l’envoyer aux managers. Ces derniers peuvent d’ailleurs prendre part à un visioentretien. »

Autre avantage, les candidats n’ont aucune application à installer sur leur ordinateur. Ils reçoivent un mail les invitant à cliquer sur un lien pour se connecter. De fait, la conversation vidéo est entrée dans les mœurs et les usages. Elle suscite de moins en moins de réticences chez les candidats. « Parmi nos jeunes recrues, il n’existe aucun frein culturel à l’utilisation de cet outil », remarque Thomas Debyser, responsable développement des compétences du groupe de prêt-à-porter Happychic (4 000 salariés), également utilisateur de Visio4People.

Un bon aperçu dans un format condensé

Pour autant, tout le monde n’a pas la même aisance devant une webcam. « L’exercice peut être perçu comme un peu dépersonnalisé, un peu froid », reconnaît Anna Cook. Et l’écran peut ajouter une distance entre interlocuteurs. Le format des visioconférences est plus condensé qu’en face à face. Leur durée moyenne oscille entre 30 et 40 minutes. Le Cern a même opté pour un timing très court : les postulants ont une dizaine de minutes pour répondre aux questions de la présélection. Mais, en dépit de leur brièveté, les entretiens vidéo donnent un très bon aperçu du candidat, selon Caroline Fenolland : « Le recruteur peut percevoir la posture, le niveau de préparation d’une personne ainsi que son langage non verbal. »

Passé un petit temps d’adaptation, « on oublie l’outil, et l’échange se fait de façon aussi spontanée qu’une rencontre en face à face », assure Thomas Debyser. En outre, passer un entretien depuis son domicile rassure les candidats : « Plus détendus, ils sont dans les meilleures conditions pour le réussir », opine la responsable du développement RH de CPM France. « C’est un vrai confort, surtout pour les candidats déjà en poste qui peuvent difficilement se déplacer », continue Thomas Debyser.

Au Cern, le taux de satisfaction des participants à la présélection vidéo atteint 98 %. En face, les avis sont moins tranchés, par exemple pour le Club Med : « Nos recruteurs ont intégré ce mode de communication, mais ils continuent de préférer le rendez-vous en face à face », indique Magali Aimé. À l’exception des postes de managers, la firme au trident peut toutefois se contenter d’un unique entretien par visioconférence. En revanche, les futurs embauchés du groupe Happychic sont reçus au moins une fois en entretien classique. « Rien ne remplace la discussion de visu, où la personne peut exposer ses motivations et ses envies plus longuement », soutient Thomas Debyser. « La “visio” s’insère dans un processus. Elle n’est pas destinée à remplacer l’entretien, mais à donner envie de rencontrer les candidats », appuie Guillaume Ibled, directeur associé d’ImageInPeople. Coupler les rendez-vous virtuels et les rencontres réelles, le secret d’un scénario de recrutement réussi ?

L’ESSENTIEL

1 Les éditeurs proposent des applications vidéo dédiées au recrutement, très utiles lorsque celui-ci est urgent ou que le poste est éloigné géographiquement.

2 En direct ou en différé, la formule, plus éclairante qu’une conversation téléphonique ou que la lecture d’un CV, permet aussi de présélectionner des candidats.

3 À la clé pour les recruteurs : un gain de temps, des économies sur les frais de déplacement et une souplesse d’organisation.

Auteur

  • JOSÉ GARCIA LOPEZ