Le travail occupe – et apparemment continuera d’occuper longtemps – une place centrale dans nos vies et nos identités sociales. Cependant, le modèle d’emploi fondé sur un salarié fixé et fidélisé, qui échange son temps non seulement contre un salaire mais aussi contre une promesse de sécurité dans la durée, a vécu. Le contrat à durée indéterminée lui-même ne garantit plus un emploi à vie. Les carrières ne se construisent plus à l’ancienneté et le système de protection social échoue à protéger ceux qui en auraient le plus besoin.

La crise a momentanément infléchi le rapport de force entre salariés et employeurs du côté des employeurs, mais, à n’en pas douter, dès que la situation s’améliorera, les salariés recommenceront à zapper d’une entreprise à l’autre pour chercher le plus offrant. Les rapports fortement structurés entre les employés et leurs patrons tendent donc à se diffracter en une multitude de situations individuelles, où chacun recherche son propre intérêt.

L’auteur, directeur général de la Ciett, la fédération mondiale des agences d’emploi privées, rappelle pourquoi il est urgent dans un tel contexte de moderniser l’organisation du travail afin de l’adapter à l’individualisation des conditions de travail et d’emploi, sans pour autant casser notre système de protection sociale. Les concepts clés pour y parvenir sont la portabilité et la transférabilité des droits d’une activité professionnelle à l’autre. Après avoir analysé les causes de la profonde mutation sociale et professionnelle en cours, l’auteur explique pourquoi et comment réconcilier l’individuel et le collectif.

Travailler pour soi

Denis Pennel, Seuil, 240 pages, 17 euros.