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« Un faible niveau de formation amoindrit le ressenti des discriminations »

Actualités | L’INTERVIEW | publié le : 08.10.2013 | FRÉDÉRIC BRILLET

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« Un faible niveau de formation amoindrit le ressenti des discriminations »

Crédit photo FRÉDÉRIC BRILLET

E & C : Le Défenseur des droits vient de publier une enquête Ifop* (en partenariat avec l’OIT) sur les discriminations ressenties par les demandeurs d’emploi. Il ressort notamment que les habitants des zones urbaines sensibles (ZUS) se déclarent moins discriminés. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

M. L. : 87 % des demandeurs d’emploi interrogés considèrent fréquentes les discriminations à l’embauche et, selon 84 % des sondés, la crise n’a fait qu’aggraver les choses. A priori plus exposés, les habitants des ZUS sont pourtant moins nombreux (76 %) que l’ensemble de l’échantillon à estimer ces discriminations fréquentes. Cela tient d’abord à un niveau de formation moindre. Moins bien informés de ce que recouvre la notion de discrimination, ils ont tendance à la sous-estimer. Le clivage se retrouve au sein des ZUS, où 75 % des diplômés du supérieur, mais seulement 49 % des sans-diplômes, perçoivent des discriminations liées aux origines. Ce faible niveau de formation amoindrit également la perception des discriminations liées au genre : 67 % des femmes habitant en ZUS considèrent que le genre n’est pas discriminant contre 46 % de l’ensemble des femmes. Là encore, les premières accèdent essentiellement à des postes peu qualifiés et le plus souvent exercés par des femmes, comme les services d’aide à domicile, où la discrimination liée au sexe est inexistante.

E & C : Quels sont les autres enseignements de l’enquête ?

M. L. : Plus des trois quarts des demandeurs d’emploi considèrent que les critères physiques tels que l’obésité et le handicap sont parmi les plus discriminants pour se faire recruter. La prise en compte du handicap est ancienne mais celle de l’apparence physique, notamment l’obésité, est plus récente. Même si ce critère représente moins de 1 % des saisines reçues par le Défenseur des droits dans le domaine de l’accès à l’emploi, le sujet nous préoccupe.

E & C : Qu’allez-vous tirer de ces chiffres ?

M. L. : Nous allons travailler à améliorer l’information et l’accompagnement des personnes les plus exposées aux discriminations, en concertation avec les intermédiaires comme Pôle emploi.

* Enquête réalisée du 27 juin au 16 juillet 2013 sur un échantillon de 1 004 personnes, représentatif des demandeurs d’emploi âgés de 18 ans et plus.

Auteur

  • FRÉDÉRIC BRILLET