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Les seniors veulent mieux préparer leur sortie

Actualités | publié le : 08.10.2013 | HÉLÈNE TRUFFAUT

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Les seniors veulent mieux préparer leur sortie

Crédit photo HÉLÈNE TRUFFAUT

Les salariés de 45 ans et plus ne voient pas d’un bon œil la nouvelle réforme des retraites et aimeraient être mieux informés de ce qui les attend personnellement. Alors que leur situation au sein des entreprises ne semble pas s’améliorer, ils marquent leur intérêt pour la rupture conventionnelle, la retraite progressive et l’épargne retraite.

Tandis que le projet de réforme des retraites débute le marathon parlementaire, de nombreux salariés seniors sont pour le moins réservés quant aux modalités de rééquilibrage des comptes. L’allongement de la durée de cotisations (1), solution retenue par le gouvernement, n’agrée que 27 % des quelque 1 300 salariés de 45 ans et plus interrogés dans le cadre du 15e baromètre ; 23 % seulement sont d’accord pour reculer l’âge légal, option soutenue par l’UMP – qui souhaite fixer la limite à 65 ans en 2023.

« Les résultats reflètent bien les questionnements actuels et montrent, notamment, que la réforme ne correspond pas aux attentes des seniors », commente Florence Caviglioli, chef de projet à Menway Carrières. Car, dans l’ensemble, et même si près d’un tiers des répondants se déclarent favorables à l’augmentation des cotisations salariales (2), ils sont majoritairement partisans (à 86 %) d’autres moyens de financement que les pistes habituellement suivies ou évoquées – le gel des pensions (3) ou leur désindexation étant la mesure qui suscite le moins d’adhésion (à noter, tout de même, la position singulière des 61 ans et plus, qui se déclarent à 54 % pour l’allongement de la durée de cotisation et à 59 % pour le recul de l’âge légal).

Du reste, 60 ans demeure l’âge idéal de départ à la retraite pour 59 % des sondés (en hausse de 2 points par rapport à l’année dernière). Cependant, le cap de 62 ans fixé par la réforme de 2010 s’ancre (très) progressivement dans les esprits (voir l’infographie ci-contre). C’est le bon moment de partir pour 10 % des seniors (+ 4 points par rapport à 2012), et ils ne sont plus que 15 % à caresser l’idée d’un départ avant 60 ans – contre 22 % en 2012, 27 % en 2010 et 47 % en 2007).

Dans les faits, les répondants ne seront que 19 % à obtenir le taux plein à 60 ans (25 % des hommes, mais seulement 15 % des femmes !), 25 % l’atteindront à 62 ans. Et un sondé sur cinq n’en a toujours aucune idée. Le déficit d’information en la matière reste important, ce qui, du coup, embarrasse aussi les employeurs, qui peinent à organiser la relève. Dans son article 26, la réforme vise d’ailleurs à renforcer l’information retraite des salariés avec la création, d’ici à 2017, d’un compte individuel de retraite pour connaître les droits acquis et faire des simulations sur les pensions.

En attendant, les seniors interrogés aimeraient beaucoup (à 83 %) obtenir une information ou un bilan retraite au sein de l’entreprise, alors que moins d’un quart en a déjà bénéficié. Une information qui leur permettrait de mieux préparer leur sortie, en réfléchissant, pourquoi pas, à des “aménagements” de fin de carrière. Aménagements que proposent déjà certains employeurs dans le cadre de leur accord seniors ou contrat de génération. À côté des transitions “maison”, la retraite progressive n’est connue que de 35 % des répondants. Celle-ci permet aux salariés ayant atteint l’âge légal de départ, qui justifient de 150 trimestres d’assurance et exercent une activité à temps partiel (à partir de 80 % de la durée légale ou conventionnelle) de toucher une fraction de leur pension en continuant à accumuler des droits.

Sept seniors sur dix – huit sur dix dans la tranche des 45-54 ans – se disent intéressés par ce dispositif. « D’un point de vue purement sémantique, la “retraite progressive” peut séduire, mais les conditions d’accès sont restrictives, souligne Vincent Poubelle, directeur des statistiques de la Cnav. Au 31 décembre 2012, on n’en compte d’ailleurs que 2409 sur quelque 13 millions de retraités. L’année dernière, 1101 ont été attribuées (l’âge moyen de départ étant de 61,6 ans), soit une augmentation de 16,6 % sur un an. » Compte tenu des critères actuels, « 40 000 personnes sont potentiellement concernées », ajoute-t-il. C’est peu. Mais la réforme des retraites pourrait faire bouger les lignes, avec l’abaissement de deux ans de la condition d’âge prévu dans l’article 11 du projet.

55 ans, un âge charnière

Par ailleurs, les seniors en emploi semblent toujours aussi intéressés par la rupture conventionnelle. Ils sont près de 60 % dans ce cas (« certainement » : 25 %; « probablement » : 35 %). Les plus tentés étant les ouvriers et les 55-60 ans (voir l’infographie ci-dessus). « 55 ans est un âge charnière, considère Florence Caviglioli. On est sur un poste où les compétences peuvent être moins exploitées, mais on a encore la possibilité de s’offrir une seconde carrière en partant dans des conditions favorables. »

Autre point notable de ce baromètre : 26 % des seniors envisagent de poursuivre leur activité au-delà du taux plein (ils étaient 30 % en 2012), une option que comptent prendre 62 % des 61 ans et plus. Et 39 % des intéressés entendent jouer les prolongations chez leur employeur (voir l’infographie ci-contre). Les DRH ont tout intérêt à repenser la place des seniors dans le collectif de travail…

Conditions difficiles

D’autant que, à l’exception de la formation (45 % en ont suivi une ou plusieurs ces trois dernières années, ce qui reste nettement inférieur au taux moyen de formation de l’ensemble des salariés), on ne constate pas franchement d’amélioration en ce qui concerne la vie au travail de cette population. 56 % des personnes interrogées jugent leurs conditions assez difficiles, voire difficiles (21 %).

Et, comme en 2012, 38 % ont le sentiment qu’il existe dans leur entreprise un harcèlement moral lié à l’âge. Parmi celles-ci, 78 % s’en disent personnellement victimes. Un sentiment toujours difficile à analyser. Et qui s’explique sans doute en partie par le fait que les trois quarts des sondés n’ont reçu aucun bilan, rendez-vous de carrière ou aide à l’orientation. Et qu’ils sont autant, depuis trois ans, à n’avoir pas vu la couleur d’une promotion ou d’un changement de poste. Ni d’une augmentation de salaire individuelle.

1) La réforme entend fixer à un trimestre tous les trois ans le calendrier d’augmentation de la durée d’assurance, jusqu’à un maximum de 43 ans (172 trimestres) pour la génération née en 1973.

2) Le projet de loi prévoit une augmentation progressive, de 0,3 % au total entre 2014 et 2017, du taux de cotisation des employeurs et de celui des salariés.

3) Il est également prévu un décalage de six mois de la revalorisation des pensions, qui ne seraient augmentées que le 1er octobre, contre le 1er avril jusqu’à présent.

LES DISPOSITIFS DE RETRAITE SUPPLÉMENTAIRE PLÉBISCITÉS

38 % des seniors interrogés bénéficient d’un dispositif d’épargne retraite supplémentaire dans leur entreprise. « C’est un taux d’équipement assez conforme à la réalité, commente Marc Salameh, responsable de l’activité conseil en avantages sociaux chez Aon Hewitt, pour qui le mouvement va s’amplifier. « La baisse du taux de remplacement, notamment pour les cadres, va amener les employeurs à repenser leur politique d’avantages sociaux. L’épargne retraite est devenue le troisième avantage le plus visible, derrière la complémentaire santé et l’épargne salariale », estime-t-il. Les salariés seniors semblent abonder dans son sens, puisqu’ils sont plus de 80 % à se déclarer favorables à un tel système, quel que soit le sexe ou la tranche d’âge. Les cadres sont évidemment les plus demandeurs (88 %). Mais le souhait est marqué dans toutes les entreprises, même les plus petites.

Méthodologie

→ Baromètre semestriel “Fait-il bon être senior au travail ?”, 15e vague. Questionnaire mis en ligne sur le site Notretemps.com du 26 août au 8 septembre 2013, 1 281 questionnaires exploités.

→ Le cumul des résultats n’atteint pas toujours 100 %, en raison de l’arrondi.

Auteur

  • HÉLÈNE TRUFFAUT