Chargée de mission handicap de Vinci pour la région Rhône-Alpes-Auvergne, Émilie Bruel le reconnaît : « Dans la branche du BTP, le sujet du handicap et du reclassement pour inaptitude est toujours compliqué à traiter. » Aussi, en 2007, les DRH des cinq pôles de Vinci en Rhône-Alpes (construction, routes, énergies, concessions, autoroutes) ont engagé une réflexion sur la création d’un “guichet unique” interne, animé par un coordinateur de projets spécialiste du maintien dans l’emploi. Et, en 2008, une association baptisée Trajeo’h (pour trajectoire vers l’emploi) a vu le jour. Soutenue financièrement par l’Agefiph par le biais d’une convention qui courait sur deux ans, elle est aujourd’hui financée par les pôles du groupe et les sociétés qui sollicitent ses interventions.

« Les demandes que nous recevons viennent des RH, du chef d’entreprise ou du médecin du travail, explique Émilie Bruel. En 2013, en Rhône-Alpes-Auvergne (260 implantations et 10 000 collaborateurs), 53 signalements sont remontés auprès de la chargée de mission, et 40 personnes ont finalement été accompagnées, avec pour résultat 22 maintiens dans le groupe et 18 reclassements en externe avec accompagnement de projet.

« Nous rencontrons le salarié pour analyser sa situation, cerner sa motivation et détecter les compétences transférables éventuellement vers un autre poste. Dans certains cas, nous demandons l’avis du médecin du travail sur une orientation en formation. La RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) est souvent nécessaire afin de bénéficier de la variété des aides qui lui sont liées. En fonction du plan d’actions retenu avec le salarié et le responsable de l’entreprise, nous pouvons faire appel à des partenaires extérieurs », relate la chargée de mission.

Répondant à un besoin des DRH locales, l’association Trajeo’h a vite fait des petits : l’Ile-de-France (2010), la région Sud-Est (2011), et, en 2012, la Haute et la Basse-Normandie. L’objectif est que chaque région en soit dotée.

Au niveau national, les résultats sont significatifs : entre 2011 et 2012, le nombre des salariés pris en charge est passé de 77 à 142, et celui des salariés maintenus dans l’emploi de 48 à 92. Le reste des situations n’ayant pas encore été soldé.

« L’expérience nous prouve que l’inaptitude n’est pas une fatalité et que des solutions peuvent être identifiées. Prendre en charge le salarié lors d’une rupture dans sa vie professionnelle apaise les tensions et permet de construire plus efficacement l’avenir », constate Émilie Bruel.

Grâce à ce type d’accompagnement, en Rhône-Alpes, un chef d’équipe travaux publics, âgé de 50 ans et souffrant de la coiffe des deux épaules, a réalisé un bilan de compétences et s’est vu finalement proposer un poste de responsable des moyens en interne, qu’il a intégré progressivement par un contrat de rééducation professionnelle. Un assistant chef de chantier de 24 ans, souffrant de problèmes au genou gauche et en risque d’inaptitude (non professionnelle) a suivi un bilan d’orientation et a été reclassé sur un poste d’assistant préventeur dans l’entreprise.

• Activité : concessions, construction routes, énergies.

• Effectif : 192 700 salariés.

• Chiffre d’affaires : 38,6 milliards d’euros en 2012.