Avec une pyramide des âges vieillissante et une majorité de postes en production, le site de Bosch à Mondeville, dans le Calvados, compte plusieurs dizaines d’arrêts de travail de longue durée (six mois et plus) chaque année. Si la majorité des salariés reprennent leur poste habituel à leur retour, une vingtaine par an font l’objet d’une restriction d’aptitude qui nécessite une nouvelle affectation.

Pour mieux les anticiper, un processus a été mis en place, piloté par le service RH. « Dès qu’un collaborateur est en arrêt de travail supérieur à un mois, le médecin du travail et l’assistante sociale sont informés. L’un ou l’autre appelle le salarié pour faire le point, avoir une idée de la date de retour et prévoir la visite de préreprise », indique Érik Lucet, responsable RH du site de Mondeville.

Étape clé du processus, cette visite de préreprise est fortement recommandée par les RH et le médecin du travail. « Organisée au moins 15 jours avant la reprise du travail, elle permet de travailler en amont avec la hiérarchie lorsqu’il faut trouver un autre poste. Le médecin peut aussi orienter le collaborateur vers l’assistante sociale en cas de changement de situation : passage à un horaire de jour qui occasionne la perte des primes, montage d’un dossier invalidité, etc. », explique le RRH.

En parallèle, une réunion sur l’employabilité est organisée une fois par mois, au cours de laquelle sont évoqués les cas d’arrêt de travail. Les managers sont présents, aux côtés du service RH, du service médical et de l’assistante sociale. « Il est souvent compliqué de trouver un poste qui convienne à la restriction médicale. Le fait d’avoir tous les responsables autour de la table permet de trouver des solutions que n’aurait pas forcément trouvées le manager du collaborateur concerné en ne regardant que dans son atelier. Cela élargit le champ des possibilités », observe Anne Legrigeois, médecin du travail.

Pour préconiser les postes aux managers, le service RH et le médecin disposent d’un outil d’aide à la décision : le logiciel Adapte. Il effectue un croisement entre les aptitudes de chaque salarié, évaluées par le médecin du travail (« le cadre médical ») avec les postes de travail, qui ont une cotation ergonomique visualisée par des codes couleur (vert, jaune, orange) en fonction de leur difficulté. Les postes “verts” sont adaptés aux collaborateurs ayant des restrictions. Au total, 350 postes sont cartographiés.

Le service RH s’est doté d’un “Monsieur Employabilité” à plein temps : c’est lui qui prépare avec le manager et le médecin la nouvelle affectation d’un collaborateur revenant de maladie avec une restriction, qui le reçoit, lui explique son nouveau poste et l’accompagne dans l’atelier.

La nouvelle affectation n’est confirmée qu’après une période de test. Dans le cas où le collaborateur ne peut tenir la cadence du poste et qu’il n’existe pas d’autre emploi possible, les RH peuvent, avec son accord, lui proposer d’engager une démarche de reconnaissance de handicap auprès de la MDPH*. Cela permet ensuite une prise en charge partielle par l’Agefiph de la rémunération. Sur le site de Mondeville, une dizaine de salariés sont dans ce cas.

Le processus d’accompagnement des retours d’arrêt maladie se révèle efficace : le dernier licenciement pour inaptitude remonte à 2003. Mais l’entreprise est de plus en plus confrontée à des restrictions d’aptitude et à une diminution des postes “doux”. Elle s’est donc engagée en 2012 dans un travail d’amélioration ergonomique des postes les plus générateurs de TMS, à la suite d’une préconisation du médecin du travail et du CHSCT. En 2013, un budget de 150 000 euros a été consacré à ces améliorations.

• Activité : fabrication de composants électroniques pour l’automobile.

• Effectif : 937 salariés.

• Chiffre d’affaires : 189 millions d’euros en 2012.