Pour permettre au salarié en arrêt de travail et en restriction d’aptitude d’envisager un retour à l’emploi en testant au préalable un poste de travail dans son entreprise, le Sameth de l’Aisne a élaboré un dispositif baptisé “essai encadré”, en usage depuis une quinzaine d’années.
Avant d’engager cette pratique et pour sécuriser la situation en cas d’accident du travail pendant l’essai, il est nécessaire de recueillir l’accord du médecin traitant, du médecin du travail et l’avis favorable de l’assurance-maladie. Et, bien entendu, celui de l’employeur qui organisera l’accueil du salarié et avertira les équipes. L’objectif est d’analyser les conditions de réalisation du travail dans l’entreprise, en relation avec les restrictions d’aptitude, sur un délai qui n’excède pas, en général, une journée. « Cela nous permet entre autres de comprendre dans un délai très court à quelles contraintes va être confronté un opérateur, tout en l’enjoignant à ne pas dépasser ses propres limites », explique Christophe Jankovsky, ergonome et responsable du Sameth de l’Aisne.
Les observations réalisées permettent, lors de la restitution orale avec l’ensemble des participants, d’élaborer un diagnostic utilisable par le médecin du travail pour nourrir son pronostic d’aptitude et de proposer des orientations.
Véronique Gibbe, médecin du travail (dans l’Aisne), a expérimenté ce dispositif : « Un salarié qui a connu un arrêt prolongé de deux ans m’a tenue régulièrement informée. Des visites de préreprise ont été organisées. Je me suis rendu compte qu’à son retour, il n’aurait pas la productivité exigée et devrait faire face à un problème de manutention. J’ai contacté le Sameth et le responsable de l’entreprise, un essai encadré a été proposé qui a validé cela. Grâce à l’intervention du Sameth, l’acquisition d’un transpalette électrique a été financée, et un contrat de rééducation professionnelle a été conclu pour six mois, ce qui a permis d’abord de réintégrer le salarié à 50 % de sa productivité et, progressivement, de monter en charge. Un dispositif de compensation lourdeur du handicap a aussi été mis en place. »
L’initiative de l’Aisne a commencé à essaimer dans le Nord-Pas-de-Calais, par exemple. « L’essai encadré permet de mobiliser le salarié pendant son arrêt de travail pour qu’il se mette en situation sur son ancien poste ou sur un autre, atteste Sylviane Potier, chef de projets au Sameth Flandres. Dans les deux expériences que nous avons pratiquées, nous avons évité la phase de l’inaptitude médicale. Dès sa reprise, le salarié a pu être affecté à un poste qui lui convenait. »
