Les difficultés économiques et sociales récurrentes des pays occidentaux depuis les années 1980 ont contribué à accréditer rétrospectivement le mythe d’une période de croissance continue et sans faille s’étendant de la fin de la Seconde Guerre mondiale au premier choc pétrolier de 1973. Selon les auteurs, tous trois historiens, la réalité est beaucoup plus complexe.
Ces trois décennies supposées fastes, dont la réussite économique aurait permis que s’établisse un large consensus autour des valeurs de la société de consommation, non seulement n’ont pas profité à tout le monde mais comportent également leur part d’ombre en termes de conditions de travail, d’accidents et de maladies professionnelles ou de conséquences écologiques néfastes.
La thèse largement répandue qu’il s’est agi d’un temps béni est donc pour les auteurs en partie idéologique, avec ce que cela suppose d’intérêts en jeu : à la fois enraciner solidement dans nos pays le culte du progrès technique et justifier les diktats de la modernisation supposée indispensable à tous, et qui a surtout fait le lit du capitalisme. Les salariés en payent aujourd’hui la contrepartie en termes de précarité et de stress. Après le temps de l’enchantement vient celui du désenchantement. Les auteurs montrent cependant que le ver était dans le fruit, de telle sorte qu’il convient sans doute pour penser l’avenir de la mondialisation techno-économique de repenser les images d’Épinal qui l’ont fondée.
Une autre histoire des Trente Glorieuses
Céline Pessis, Sezin Topçu, Christophe Bonneuil, La Découverte, 320 pages, 24 euros.
