Avec l’intensification du travail, un certain malaise est apparu chez les salariés, lié non seulement au stress mais aussi à une perte de sens. Comme si la nécessité de faire vite et selon des normes imposées par les directions générales mettait en péril la satisfaction identitaire que chacun semble trouver à un travail bien fait.
Pour Lars Svendsen, philosophe norvégien, cette situation devrait conduire à interroger la place du travail dans nos vies. À partir d’une perspective historique, il rappelle comment au fil du temps, le travail, d’abord éprouvé comme une malédiction, s’est peu à peu constitué comme une raison d’être pour les individus, notamment dans le monde protestant.
L’auteur explique également comment le travail est aujourd’hui à la fois perçu comme une vocation (chacun devant trouver l’activité qui lui correspond) et comment, de ce fait, il occulte souvent d’autres centres d’intérêts, notamment personnels et familiaux, qui contribuent tout autant à l’expérience du bonheur. Sans remettre en cause la centralité du travail dans nos sociétés, il tente de relativiser et la place que nous lui faisons et le sens que nous lui donnons.
Il souligne notamment que, si notre attente à l’égard de l’emploi est trop forte, la raison en est que désormais, nous attendons qu’il nous donne une grande partie du sens que nous avons perdu dans la vie. Autre source de déception vis-à-vis du travail, l’exigence tyrannique à être heureux dans tous les moments de la vie. De telle sorte que ne pas s’épanouir dans son travail reviendrait à apparaître comme un perdant.
Le Travail. Gagner sa vie, à quel prix ?
Lars Svendsen, Autrement, 198 pages, 16 euros.
