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La SNCF transporte son siège social à Saint-Denis

Pratiques | publié le : 24.09.2013 | ROZENN LE SAINT

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La SNCF transporte son siège social à Saint-Denis

Crédit photo ROZENN LE SAINT

L’été dernier, 900 salariés de l’entreprise ferroviaire ont quitté la capitale pour la banlieue parisienne. Elle a dû les rassurer sur la sécurité des lieux et proposer des solutions alternatives pour compenser le temps de transport supplémentaire, comme la possibilité de travailler dans une gare proche de son domicile.

Avec le déménagement du siège social, Guillaume Pepy, patron de la SNCF, souhaitait réaliser des économies. Passant d’un coût moyen du mètre carré de 450 euros par mois dans Paris, à 310 à Saint-Denis (93), il espère ainsi récupérer 10 millions d’euros par an.

L’été dernier, 900 salariés ont quitté leurs locaux parisiens pour défaire leurs cartons en banlieue nord de Paris, dans ce bâtiment baptisé Campus. En amont, la direction a sondé les responsables des entreprises avoisinantes, comme Generali, déjà implantées dans le quartier. Et pour rassurer les collaborateurs, elle a multiplié les visites de sites, avant le grand chamboulement.

« La Plaine est devenue un quartier d’affaires en plein développement. D’ailleurs, notre direction de l’ingénierie y est implantée depuis le début des années 2000. Au fur et à mesure de l’avancement du projet, les peurs se sont dissipées, comme l’ont montré les trois enquêtes internes réalisées auprès des salariés », assure Agnès Hua, responsable du déménagement à la SNCF. Rien à voir avec les quartiers défavorisés du centre-ville de Saint-Denis ou même les environs de la station du RER B, où des salariés d’Orange ont été agressés (lire l’encadré p. 13).

La question de la sécurité mise de côté, il restait à faire accepter celle de l’augmentation de la durée des transports… Car la majorité des agents travaillaient auparavant au cœur de Paris, à Montparnasse, à 45 minutes de transport en commun du nouveau siège.

Lors des consultations, les syndicats ont insisté sur la compensation de transport (établie en fonction de l’allongement de la durée de trajet quotidien à 40 euros maximum par mois et versée pendant deux ans) et sur l’indemnité de garde d’enfants. La direction affrète également une ligne de bus qui relie la station de métro la plus proche au siège. Surtout, elle a accepté un meilleur aménagement des horaires, ce dont se félicite Éric Chollet, représentant CFDT de la SNCF : « On nous a par exemple promis que les réunions avant 8 heures et après 17 heures seraient évitées », indique-t-il. Par ailleurs, il a dénombré 11 personnes supplémentaires (sur 42 en tout), ayant opté pour le télétravail entre un et trois jours par semaine depuis le déménagement.

Création de bureaux dans les gares du Transilien

Plus original, la direction a profité de l’effet d’aubaine créé par la réorganisation menée par la direction du Transilien, supprimant le logement de fonction des chefs de gare dans les bâtiments des stations. Les salariés implantés au siège, à Saint-Denis, ont à présent la possibilité de travailler dans la gare d’Île-de-France la plus proche de chez eux deux jours par semaine. Les espaces libérés ont été transformés en bureaux, ouverts aux salariés du siège. En échange, quand il arrive un souci dans la station en question, ceux-ci sont amenés à aider les agents Transilien. Une bonne façon de les rapprocher du terrain. Quelques dizaines de salariés seulement ont adopté cette option. Pour faciliter ces déplacements, la direction a équipé les agents du siège d’ordinateurs portables qui disposent d’une technologie de téléphonie embarquée, leur permettant de répondre aux appels, où qu’ils soient.

Espace de travail : la guerre des chiffres

Si les cheminots ont perdu au change en temps de transport, ils ont gagné en confort. L’immeuble, flambant neuf, est équipé de tisanneries avec boissons chaudes offertes, et d’un mobilier moderne, ce qui fait dire à Éric Chollet qu’« on se croirait chez Google dans ce bâtiment translucide ». Les agents ont également accès à une cantine et à une conciergerie (avec service de pressing, cordonnerie, etc.). En revanche, s’agissant de l’espace de travail accordé à chacun, c’est la guerre des chiffres. Alors que les représentants du personnel brandissent celui de 7 m2 par agent, la direction, elle, affirme que chacun dispose de 10 à 11 m2, en incluant le bureau et les “espaces collaboratifs de proximité” de chaque service. Quoi qu’il en soit, mis à part les managers, qui bénéficient encore d’un bureau individuel vitré à côté de leur équipe, les autres agents ont dû se plier à l’open space.

« Auparavant, des entités comme les services RH, par exemple, étaient éparpillées sur différents sites. En centralisant les équipes, nous gagnons en efficacité, assure Agnès Hua. Le déménagement s’est fait dans une démarche managériale de changement, en privilégiant la souplesse, la flexibilité et des modes de travail plus collaboratifs. » Ce qu’Alain Cambi, représentant Sud Rail au conseil d’administration, traduit par « un management différent, qui se fait dans des bureaux en open space où les salariés n’ont pas d’intimité ». 1 100 autres collaborateurs rejoindront le site au premier semestre 2014 dans un deuxième bâtiment avoisinant et un an plus tard, ils seront autant à s’installer dans un troisième immeuble.

L’ESSENTIEL

1 Neuf cents cheminots ont quitté Paris pour Saint-Denis (93). D’ici à janvier 2015, ils seront rejoints par 2 200 autres salariés.

2 En tout, les travaux liés au déménagement du siège de la SNCF ont coûté 16 millions d’euros.

3 L’entreprise ferroviaire espère économiser 10 millions d’euros par an de loyer.

INSÉCURITÉ
Plaine commune rassure les entreprises et leurs salariés

Le racket subi par quelques salariés d’Orange en 2010 et 2011, logiquement bien dotés d’appareils high-tech, n’a pas rassuré les entreprises et leurs collaborateurs qui envisageaient de s’installer à Saint-Denis. « Quand on regarde les chiffres, il y a moins de délinquance à La Plaine Saint-Denis qu’à La Défense, mais le sentiment d’insécurité, lui, perdure », regrette Pierre Quay-Thévenon, vice-président en charge du développement économique de la communauté d’agglomération Plaine commune. Pour résorber les craintes, au moins deux fois par an, elle organise des rencontres avec les entreprises, les transporteurs et le commissariat. Les dirigeants de sociétés intéressées par le territoire, comme la SNCF ou, prochainement, SFR, sont mis en relation avec ceux de groupes implantés depuis plusieurs années. Une fois installés, les nouveaux salariés reçoivent aussi la visite des élus de Plaine commune. Les échanges ont également lieu dans le cadre du club des DRH et RSE de Plaine commune, créé en 2006, qui réunit les responsables des ressources humaines des sociétés signataires de la charte entreprise-territoire. Enfin, les médiateurs de l’association « Les partenaires pour la ville » parcourent le quartier Pleyel depuis huit ans, et celui de La Plaine, depuis deux ans, pour assurer une présence aux abords des deux gares RER. Coût de cette opération de prévention : 500 000 euros par an, financés pour moitié par les entreprises, 35 % par la ville de Saint-Denis et 15 % par l’État.

Auteur

  • ROZENN LE SAINT