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Enquête

BIEN ACHETER AU SECTEUR PROTÉGÉ

Enquête | publié le : 24.09.2013 | LAURENT GÉRARD

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BIEN ACHETER AU SECTEUR PROTÉGÉ

Crédit photo LAURENT GÉRARD

Les entreprises soignent de plus en plus leurs achats auprès du secteur du travail protégé et adapté (STPA) qui emploie des travailleurs handicapés. Cet emploi indirect peut représenter jusqu’à 50 % de leur obligation d’emploi de salariés handicapés, soit le fameux quota de 6 %.

Spie s’est donné comme objectif de tripler ses achats auprès du STPA (1) d’ici à 2015. Orange s’est engagé, depuis 2011, à réaliser un montant d’achats de 15 millions d’euros par an : près de 17 l’ont été en 2012. PSA, adepte de longue date de cette sous-traitance, souhaite, « malgré les restrictions dues à la crise », s’efforcer de maintenir un niveau d’achats de 35 millions d’euros par an auprès du secteur protégé. Les partenaires sociaux d’Areva viennent tout juste de signer un accord unanime pour réaliser un montant d’achats auprès du STPA de 5 millions d’euros par an de 2013 à 2016… Et même Pôle emploi, qui peut s’enorgueillir d’atteindre déjà le fameux taux de 6 % d’emploi direct de travailleurs handicapés, compte bien développer sa politique d’achats auprès du secteur adapté et protégé, « pour montrer l’exemple », affirme-t-il.

Ainsi, aujourd’hui, les grandes entreprises (et parfois les administrations et les services publics) prennent au sérieux la question de la sous-traitance auprès du STPA qui, sans nier l’intérêt de l’emploi direct de travailleurs handicapés, est aussi une voie d’insertion de ces personnes. Car nombre d’entre elles ne sont pas encore aptes à intégrer définitivement le milieu des entreprises ordinaires.

Un dispositif d’emploi encore méconnu

Pour certaines de ces entreprises, néanmoins, la sous-traitance au secteur protégé demeure encore une démarche nouvelle. Une étude réalisée par le Groupement des établissements et services d’aide par le travail (Gesat) (2), au printemps dernier, auprès de 55 grandes entreprises du CAC 40 et d’organismes publics, montre que ce taux d’emploi indirect moyen n’est que de 0,95 %, alors que le taux d’emploi global moyen est de 3,91 %. « Il y a une marge de progression, reconnaît Emmanuel Chansou, directeur du Gesat. D’ailleurs, les grands comptes annoncent des augmentations espérées de + 20 % d’achats au STPA sur deux ans. L’enjeu pour nous réside donc dans l’accompagnement de cette mutation, qui verra la part des grands comptes augmenter dans le chiffre d’affaires du secteur. Jusqu’alors, celui-ci provenait très majoritairement des PME situées à proximité. Il faut poursuivre l’information sur le dispositif d’emploi indirect, qui reste encore largement méconnu. » Cette information passe notamment par Reseau-gesat.com, le site Internet présentant les activités et les coordonnées des 2 000 Ésat et entreprises adaptées (EA). Et il est de plus en plus fréquenté : de 56 000 visiteurs uniques en 2008, il est passé à 500 000 en 2011, et il devrait terminer l’année 2013 avec 615 000 visiteurs uniques ! L’expression d’un véritable besoin.

Lancé en 2007 par le réseau Gesat sur la proposition d’un groupe de grandes entreprises (Crédit agricole, BNP, Thales, Total, EDF, France Télécom, Air France, Capgemini…), l’annuaire en ligne se décline désormais sur des portails territoriaux, en partenariat avec les organisations départementales et régionales d’Ésat et EA.

Mieux appréhender le secteur avec des interlocuteurs formés

Mais développer de bonnes relations avec le STPA ne s’improvise pas. Deux outils peuvent être mobilisés : une récente norme Afnor de bonnes pratiques (lire p 22), et la formation des acheteurs en entreprise. L’étude Gesat citée plus haut montre que la formation des acheteurs est la clé de la qualité de ces relations : une entreprise possédant un acheteur formé spécifiquement aux achats auprès du STPA parvient à engager une moyenne de 91 euros par collaborateur et par an, alors qu’une entreprise sans personne spécialisée ni formée à ce type d’achat ne parvient à commander que 65 euros en moyenne au STPA par collaborateur et par an !

Le bilan est clair : former ses acheteurs aux spécificités du STPA améliore les achats de manière significative, de l’ordre de 25 %, et facilite l’atteinte de l’obligation d’emploi de 6 % de travailleurs handicapés dans les effectifs d’entreprises.

Une bonne appréhension du secteur grâce à des personnes formées et dédiées est d’autant plus fondamentale que la méconnaissance du STPA est citée par 18 % des entreprises comme le principal frein à la collaboration avec lui, 18 % voyant la difficulté principale dans des prix trop élevés. Une mauvaise compréhension des besoins des entreprises par le STPA est notée par 13 % des répondants.

Pour le coup, c’est un vrai projet RH gagnant-gagnant.

(1) Secteur du travail protégé et adapté, comprend notamment des entreprises adaptés (EA) et les établissements et services d’aide par le travail (Ésat).

(2) Étude réalisée avec La Lettre des achats et Entreprise & Carrières.

L’ESSENTIEL

1 Le STPA est une voie d’insertion complémentaire pour les personnes handicapées, dont certains ne sont pas aptes à intégrer directement une entreprise ordinaire.

2 Ce type d’emploi indirect peut se développer, notamment dans les grandes entreprises, mais un travail d’information sur le dispositif est nécessaire.

3 Si une norme Afnor détaille les bonnes pratiques dans les relations du donneur d’ordre et du STPA, une formation du service achats aux spécificités du secteur permet d’améliorer significativement cette collaboration.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD