Le fossé entre les très riches – qui voient leurs revenus augmenter à grande vitesse – et la majorité de la population, dont la richesse stagne voire régresse, se creuse. L’une des promesses implicites des Trente Glorieuses, celle qui aura permis d’acheter la paix sociale et sans doute d’éviter la révolution prolétarienne dans les pays occidentaux, c’est au contraire l’idée que le progrès économique et social peut être partagé par tous.

Retraçant l’histoire du capitalisme depuis le début du 18^e siècle, l’auteur, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’École d’économie de Paris, s’interroge sur sa dynamique et sur ses grandes tendances aujourd’hui à l’œuvre. C’est pour lui la croissance économique de l’après-guerre et non la période actuelle qui s’inscrit dans cette histoire comme une anomalie, liée pour l’essentiel aux destructions et au retard accumulés au cours des deux guerres mondiales, qui ont ensuite été rattrapés.

Comme c’était le cas au 19^e siècle, la croissance est repartie sur un rythme faible, qui explique le décrochage entre les revenus du travail et ceux du patrimoine. Le retour des inégalités entre les classes est donc une fatalité, sauf à réussir des coopérations internationales qui permettraient de réguler vraiment les logiques de constitution des fortunes et du creusement corrélatif des inégalités. Un ouvrage dont l’ambition n’est pas seulement d’érudition mais également d’aider à préparer l’avenir.

Le Capital au XXI^esiècle

Thomas Piketty, Seuil, 976 pages, 25 euros.