logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

RETOUR À LA TRANSPARENCE ET AUX PRIMES

Enquête | publié le : 17.09.2013 | STÉPHANIE MAURICE

Après une grève au printemps, syndicats et direction ont décidé d’asseoir l’intéressement sur des éléments financiers vérifiables pour éviter toute contestation.

Roquette, entreprise nordiste spécialisée dans la transformation de l’amidon, a finalement opté pour la transparence dans le calcul de son intéressement. Sous la pression d’une grève tournante, la direction a négocié avec les syndicats un nouveau mode de calcul. L’avenant a été signé le 6 juin. Il modifie un accord d’intéressement qui ne datait que d’un an. Celui-ci introduisait une nouvelle notion économique, le return on equity (ROE ou rentabilité des capitaux propres), pour déclencher le versement de la prime jusqu’alors établie en fonction de la marge brute. Le ROE se calcule en divisant le résultat net par les capitaux propres. Cet indicateur est contesté, mais, à l’époque, les syndicats l’avaient cependant accepté. « Il y a eu un effet calendrier, rappelle Francis Courbois, délégué syndical central CFDT, majoritaire dans l’entreprise. Un accord d’intéressement doit être conclu dans les six premiers mois de l’année, avant le 1er juillet. Nos négociations avec la direction s’étaient prolongées jusqu’en juin 2012. Nous avons choisi de signer en faisant confiance, plutôt que de ne rien obtenir. »

Espoirs déçus

Dans un premier temps, tout se passe bien : en septembre 2012, un document venant du commissaire aux comptes laisse espérer un intéressement avoisinant 2 000 euros brut annuels, dans la fourchette haute de la prime habituellement versée, explique le syndicaliste. Elle se situe généralement entre 1 000 et 2 000 euros. Mais, au printemps, c’est la douche froide : le groupe annonce que l’intéressement sera inexistant en 2013. Auprès de l’AFP, il évoque des « résultats médiocres en 2012, notamment au second semestre » et des dépréciations d’actifs en Chine.

À Lestrem, au siège de Roquette, qui rassemble une unité de production mais aussi le service de recherche et développement et qui emploie 3000 personnes, les débrayages se succèdent. La tension monte entre la direction et la CFDT. Une nouveauté dans une entreprise où le dialogue social est de tradition.

Finalement, les protagonistes jouent la carte de l’apaisement : le mouvement de grève entamé en mars est suspendu en avril, et trois mois de négociation seront nécessaires pour parvenir à un accord. La direction de Roquette accepte de verser un intéressement de 300 euros brut pour 2013 et, surtout, enlève toute référence au ROE. Désormais, l’intéressement se calcule selon l’excédent brut d’exploitation pondéré par un ratio, le capital immobilisé.

Différences entre résultats brut et net

« Ces éléments financiers sont présents dans les bilans de l’entreprise, contrairement au ROE dont les bases peuvent fluctuer. Une société peut avoir un excellent résultat brut d’exploitation et le dégrader avec des provisions, par exemple, pour arriver à un résultat net négatif, explique Francis Courbois. Nous sommes revenus sur des éléments connus et vérifiables. »

Roquette confirme que les négociations se sont bien déroulées, mais refuse de commenter le contenu de l’accord.

Le volet non financier de l’intéressement n’a, lui, pas été modifié. Il est fondé sur cinq critères : l’absentéisme, la sécurité, la qualité, les économies d’énergie et le respect de l’environnement. Selon l’évolution de chacun de ces indices, entre 0 % et 100 % d’un montant fixé à l’avance, et qui n’a pas été communiqué, est versé. Soit, généralement, plusieurs centaines d’euros qui s’ajoutent à la prime financière.

Dans la foulée de cette négociation sur l’intéressement, un accord salarial a été également conclu entre toutes les parties : les employés de Roquette vont voir, cette année, leurs salaires augmenter de 0,2 %. Et ils seront désormais indexés sur l’inflation. De plus, une augmentation de 13,50 euros sur le salaire de base brut mensuel a été actée. Un package tout à fait satisfaisant, pour Francis Courbois, qui s’est félicité de cette remise à plat des relations avec la direction.

ROQUETTE

• Activité : transformation de l’amidon.

• Effectif : 6 600 salariés dans le groupe.

• Chiffre d’affaires 2011 : 3,1 milliards d’euros.

Auteur

  • STÉPHANIE MAURICE