E & C : Deloitte a rendu publique, la semaine dernière, une étude mondiale* sur les tendances RH pour les mois à venir. Quelles sont-elles ?

P. B. : Parmi les 13 tendances mondiales que nous avons identifiées dans notre étude, nous avons mis en exergue cinq tendances qui se vérifient dans les pays développés comme dans les nouvelles économies. D’abord une ouverture du marché des talents, qui évoluent dans un écosystème qui ne s’arrête plus aux portes de l’entreprise. On verra ainsi les ingénieurs d’un client intervenir chez son fournisseur, mais également les entreprises faire appel à des communautés virtuelles d’experts via des réseaux sociaux dédiés. Les entreprises sont également confrontées au vieillissement de la population, phénomène mondial qui se traduit par un bouleversement dans la démographie des entreprises. Les DRH se trouvent dès lors face à des populations contraintes de poursuivre leur activité, mais potentiellement inaptes à le faire.

E & C : Mais les entreprises sont aussi soumises à des facteurs internes.

P. B. : De nouvelles formes de travail s’imposent en effet, qui, toutes, convergent vers davantage de flexibilité, source d’économies et de productivité. Comme le télétravail par exemple – trop peu développé en France –, qui suppose de savoir gérer des équipes à distance. Enfin, 84 % des dirigeants interrogés estiment que l’émergence d’un nouveau modèle de leadership, fondé sur la capacité d’adaptation et la faculté à promouvoir l’innovation, est primordiale. L’innovation ne se décrète pas, mais nécessite la mise en place d’une stratégie et d’une culture spécifiques, capable d’accepter l’échec à certaines étapes d’un développement.

E & C : Quelles sont les conséquences sur le positionnement des DRH ?

P. B. : Les entreprises n’attendent plus des DRH qu’ils connaissent tout sur tous les sujets – les experts, internes ou externes, sont là pour cela –, mais qu’ils soient un levier pour leur stratégie de développement. Des sujets tels que l’impact des talents sur la performance de l’entreprise ou la gestion des risques arrivent en tête des préoccupations des entreprises.