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Enquête

TOUT LE MONDE PRÉFÈRE ROULER AU PAS

Enquête | publié le : 10.09.2013 | E. F.

Les syndicats et la direction de Transdev ont signé un accord de télétravail prudent que les managers et les salariés utilisent avec précaution.

Comme souvent, un déménagement a été l’événement déclencheur. Lorsque le siège de Transdev s’installe à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) au mois de février 2012, environ 300 salariés doivent quitter Nanterre (Hauts-de-Seine). « Cela a créé de l’insatisfaction chez les salariés, le télétravail a été une des réponses de la direction », explique Anne-Lise Voisin, DRH de la société de transport, née de la fusion de Transdev et de Veolia Transport en mars 2011, depuis rachetée par la Caisse des dépôts et consignation.

« Le télétravail était à l’agenda des deux sociétés, mais d’autres sujets prioritaires retardaient son traitement », se souvient Karine De Laforcade, DRH du siège, où travaillent environ 500 personnes. Le déménagement remonte donc le télétravail en haut de l’agenda, avec la bénédiction des syndicats: « Notre syndicat était déjà demandeur de télétravail, car nous pensons que c’est un bon outil pour l’articulation des temps personnel et professionnel, déclare Jean-Marc Dubau, délégué CFDT. De surcroît, le déménagement entraînait des perturbations pour les salariés du siège et en région. »

Un large consensus

La préparation et la négociation de l’accord, qui a été signé par les trois syndicats (CFDT, CFE-CGC, Unsa) en janvier 2013, se sont déroulées dans une atmos­phère consensuelle. « Nous avons rencontré d’autres entreprises ayant mis en place le télétravail ; créé un groupe de travail avec les syndicats, l’informatique et des salariés ; en trois réunions, nous avions le bâti de l’accord », se souvient Anne-Lise Voisin.

Pour leur premier accord de télétravail, les partenaires sociaux n’ont pas pris de risques. Sa durée est limitée à un an, son périmètre est restreint aux salariés de l’unité économique et sociale (UES), soit 1 200 personnes travaillant dans les fonctions support au siège et en province, et son contenu est très classique. Il reprend les grands principes de la loi de mars 2012 : volontariat, réversibilité, contractualisation (avenant au contrat de travail), prise en charge des coûts par l’entreprise, informations sur les règles de sécurité, joignabilité du salarié.

Le télétravail, ouvert à tous les salariés de l’UES sauf les CDD, s’effectue au domicile, est limité à deux jours par semaine et indemnisé par un forfait de 15 euros mensuel ne couvrant pas le matériel informatique, fourni par l’entreprise. Le télétravailleur s’engage à avoir souscrit une assurance multirisques et à respecter les règles de sécurité informatique de l’entreprise.

Le point auquel la direction a porté la plus grande attention n’est que partiellement traité dans l’accord. Les critères d’éligibilité au télétravail sont exposés de manière succincte (la compatibilité avec l’emploi exercé, les impératifs de sécurité et la réalisation de la prestation) et laissés à l’appréciation du management. « A priori, tout le monde est éligible, mais télétravailler suppose d’être autonome », explique Anne-Lise Voisin. Dans la pratique, « le salarié fait sa demande à son n + 1, qui remplit une fiche de demande décrivant ses missions, puis il passe un entretien avec les RH et son n + 1 », décrit la DRH. L’objectif, d’ailleurs accepté par la CFDT, est que le télétravail ne perturbe pas les services.

Vingt-deux demandes de télétravail ont été déposées, toutes acceptées, selon la direction. Mais Stéphanie Bachelet, déléguée Unsa, remarque que « les télétravailleurs avaient sans doute d’abord fait une demande préalable à leur n + 1, dont l’avis est prépondérant ». Autrement dit, certains salariés ont pu renoncer à faire une demande formelle après avoir essuyé un refus informel.

Une préférence pour une seule journée

À noter que sur ces 22 demandes, sept émanaient de salariés travaillant auparavant à Nanterre, et à ce titre concernés par le déménagement. Ce dernier n’est donc pas la raison principale des demandes. À noter également que 18 salariés ont demandé à ne télétravailler qu’une journée. « Par crainte de se sentir exclus ? », s’interroge Anne-Lise Voisin. Le bilan de l’accord, qui doit être effectué en octobre, permettra d’en savoir davantage sur les motivations des salariés et leurs attentes, ainsi que sur celles des managers.

Jean-Marc Dubau estime quant à lui qu’« en raison des incertitudes concernant l’entreprise, les salariés préfèrent sans doute être sur place ». Ce qui expliquerait le faible nombre de demandes (moins de 2 % des effectifs) et la préférence pour une seule journée de télétravail. À moins qu’il ne permette ponctuellement de « décompresser », comme pour ce salarié, évoqué par Jean-Marc Dubau, « qui a passé plusieurs jours à répondre à un appel d’offres ».

Il est également possible que tous les demandeurs ne se soient pas encore fait connaître. C’est l’hypothèse d’Anne-Lise Voisin, qui rappelle que l’accord est récent. Elle anticipe déjà qu’en cas d’afflux de demandes, et dans l’hypothèse où l’accord est prolongé - ce qui devrait être le cas -, il faudra préciser les critères d’éligibilité afin de ne pas mettre les managers en difficulté.

Retrouvez l’accord de télétravail de Transdev sur <www.wk-rh.fr>, Entreprise & Carrières ; docuthèque.

TRANSDEV

• Activité : transports.

• Effectif : 95 000 salariés.

• Chiffre d’affaires : 7,9 milliards d’euros dans le monde en 2012.

Auteur

  • E. F.