Le mot participation appliqué à la sphère de l’entreprise est ambigu, car il est d’emblée contaminé par la connotation démocratique associée à la sphère politique. Or l’inscription des individus dans un rapport salarial, c’est-à-dire dans un rapport de subordination, interdit de saisir les salariés comme des individus autonomes, libres de leurs choix.
La participation dans la sphère du travail s’inscrit dans une double référence historique. D’un côté, dans une tentative de conciliation entre capital et travail portée par le christianisme social (c’est dans cette logique que s’inscrivait De Gaulle, par exemple, en instituant la participation financière des salariés aux bénéfices de leur entreprise) ; de l’autre, dans la tradition autogestionnaire qui prétend s’affranchir de la logique capitaliste. La démocratie sociale au sens moderne, qui renvoie à la mise en place progressive d’instances de concertation et de négociation et à des formes de représentations dans les entreprises, se tient sur le fil entre ces deux références historiques. L’une mobilisée par le patronat, l’autre par l’extrême gauche, parfois opposée à la logique de compromission qui lui semble celle du syndicalisme.
La revue Participations questionne ici les conditions de participation des salariés aujourd’hui et s’interroge sur sa finalité au regard de l’édification progressive d’un domaine de pratiques spécialisées, celui des relations professionnelles.
Participation dans le monde du travail
Revue Participations n° 1-2013, De Boeck, coordonné par S. Béroud et N. Dompier, 200 pages (par abonnement,
