Deux problématiques sociétales sont liées à la question de la santé au travail. D’un côté, des préoccupations sanitaires, de l’autre, des conditions économiques et d’emploi qui multiplient les contraintes sur les entreprises et les salariés. Les exigences relatives à la santé s’accroissent quand, en même temps, l’encadrement collectif des rapports de travail et la flexibilisation de l’emploi conduisent, au contraire, à un relâchement des exigences.

Partant du postulat que les démarches de prévention varient en fonction des forces socio-économiques, l’objectif de cet ouvrage est d’explorer, à partir d’une étude sur la prévention des risques cancérogènes menée en Normandie, les contextes et les enjeux de la prévention en matière de santé au travail. Si ces démarches incluent toujours un volet technique (valeurs limites d’exposition, équipements, produits de substitution, solutions techniques…), elles sollicitent aussi une production de normes à géométrie variable selon les rapports de forces sociales en présence: syndicats, encadrement, sous-traitants, CHSCT, inspection du travail, évolution législative, etc.

L’ouvrage passe au crible le rôle et les relations entre ces différents acteurs. La prévention est un processus dynamique, loin d’être linéaire, mais dont la composition résulte souvent d’un ensemble assez hétéroclite d’initiatives diverses, dont l’agrégation n’est pas toujours harmonieuse ni même rationnelle. Les auteurs insistent notamment sur les dangers que peuvent faire courir au salarié la banalisation, voire le déni du risque dans certains cas.

Le Travail de prévention

A. Mias, É. Legrand, D. Carricaburu, F. Féliu, L. Jamet, Octarès, 200 pages, 23 euros.