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Les entreprises face à l’absentéisme

Actualités | publié le : 10.09.2013 | Frédéric Brillet

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Actions le plus fréquemment mises en place en 2012

Crédit photo Frédéric Brillet

Le taux d’absentéisme a explosé dans le secteur privé en 2012 selon le dernier baromètre d’Alma CG. Un coût avéré pour les entreprises. Et un gros dossier pour la fonction RH.

Avec un taux de 4,53 % en 2012 contre 3,84 % en 2011, l’absentéisme dans les entreprises privées a crû fortement l’an dernier, même s’il demeure en deçà du record de 2008 (4,85 %), selon le baromètre annuel de l’absentéisme d’Alma CG, dont la 5e édition est parue le 5 septembre. Selon la société de conseil en management et en maîtrise des coûts sociaux et fiscaux, il représentait en moyenne 16,6 jours d’absence par salarié contre 14 jours en 2011. La facture pour les employeurs privés s’élève à 6,98 milliards d’euros en 2012, en compléments de salaire et en coûts de remplacement des salariés. Le groupe Alma l’évalue selon le ratio suivant : 0,3 % de la masse salariale pour 1 % d’absentéisme. Ainsi, un taux d’absentéisme de 4,53 % (égal au taux national en 2012) a coûté à une entreprise au moins 1,36 % de sa masse salariale.

Immédiatement démobilisés en 2008

Résultant de multiples paramètres, l’absentéisme entretient une corrélation complexe avec la conjoncture : ainsi a-t-il reculé entre les deux pics de 2008 et 2012, alors même que la crise n’a cessé de sévir. « Traditionnellement, ce phénomène tend à baisser en période de difficultés économiques, car les salariés sont alors prêts à se retrousser les manches pour sauver leur entreprise et leur emploi. Mais le choc de 2008 a été tel que beaucoup se sont immédiatement démobilisés, pensant à l’avance que c’était perdu », analyse Yannick Jarlaud, directeur du département santé sécurité et environnement du travail à Alma CG. En 2008, des usines ont en effet cessé brutalement leur production. Le chômage technique puis des restructurations ont rapidement été imposés, d’où l’augmentation de l’absentéisme dans le collège ouvrier. S’il atteint encore un niveau élevé, mais stable (4,24 % contre 4,31 % en 2011), il est rejoint par celui des Etam, qui explose (4,03 % contre 2,46 %). L’absentéisme des cadres a aussi beaucoup augmenté en 2012 (2,28 % contre 1,33 %).

Problème pour les DRH notamment, la progression de l’absentéisme refléterait autant le grippage de l’économie que les insuffisances des politiques RH et du management. En dissolvant des équipes, en réduisant le taux d’encadrement, en intensifiant le travail pour ceux qui restent, certaines réorganisations font perdre aux salariés le sens de leur métier et le sentiment d’appartenance à l’entreprise. « Le marché de l’emploi étant grippé, ils ne peuvent démissionner et contribuent à l’absentéisme plutôt qu’au turnover », interprète Yannick Jarlaud. C’est sans doute le cas en Ile-de-France, où le taux d’absentéisme est en forte augmentation, à 4,78 %, alors qu’il était traditionnellement faible jusqu’ici en raison d’une activité dynamique et d’un fort turnover.

Certains avantages sociaux ne contribuent pas davantage à contenir l’absentéisme : 67 % des entreprises paient les jours de carence en totalité et 22 % en partie ; 78 % pratiquent la subrogation qui permet à leurs salariés malades de toucher immédiatement leurs indemnités journalières. Même s’il existe un lien entre la couverture des jours de carence et la subrogation d’une part, le niveau d’absentéisme de l’autre, le cabinet Alma déconseille une solution répressive qui dégrade les relations sociales. En effet, des employeurs parviennent à réduire fortement l’absentéisme tout en maintenant ces avantages, même dans les métiers pénibles. Ainsi, le BTP, qui a fait beaucoup d’efforts en la matière, a ramené son taux à 2,81 % en 2012.

Conditions de travail

« La remotivation des salariés et l’amélioration des conditions de travail doivent être prises en compte », insiste Yannick Jarlaud. Une approche partagée par les DRH, selon cette enquête, qui constate que les actions mises en place en la matière sont le plus souvent liées à l’amélioration des conditions de travail. Et ce sont aussi les plus efficaces, selon eux (lire ci-contre).

La QVT plus efficace que le contrôle ?

→ La lutte contre l’absentéisme prend-elle une nouvelle direction ? Les actions mises en place en 2012 par les DRH concernent majoritairement l’amélioration des conditions de travail, notamment l’aménagement des postes de travail (86 %), l’ergonomie (80 %) et la prévention des RPS (65 %). Autant d’actions imposées par ailleurs par les obligations de l’employeur en matière de prévention des risques professionnels.

→ Il est peut-être davantage significatif de constater qu’à l’inverse, la logique de contrôle paraît reculer, les contre-visites médicales n’apparaissant plus qu’en 5e position des actions mises en œuvre. Dans le baromètre précédent, elles étaient les premières citées, à l’égal de la prévention des accidents du travail (respectivement 64 % et 65 %)

→ Plus largement mises en œuvre, les actions relatives à l’amélioration des conditions de travail sont aussi considérées par les DRH interrogées comme les plus efficaces en matière de lutte contre l’absentéisme, devant l’implication des managers dans les performances de santé au travail, et la polyvalence des salariés.

Auteur

  • Frédéric Brillet