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Enquête

UN ENGAGEMENT NÉGOCIÉ DE MAINTIEN DANS L’EMPLOI

Enquête | publié le : 03.09.2013 | É. S.

Pour atteindre son objectif de 25 % de transformation des contrats d’alternance en CDI et CDD, inscrit dans un accord d’entreprise, Lyonnaise des Eaux va concentrer ses recrutements sur deux métiers cible.

Avec 4,45 % d’alternants dans son effectif, Lyonnaise des Eaux remplit largement ses obligations légales. Mais elle est allée plus loin, en inscrivant dans son accord sur l’emploi et la responsabilité sociale, signé avec tous les syndicats en septembre 2012, un objectif de “conversion” de 25 % des contrats d’alternance en CDD et CDI d’ici à la fin 2014. Fin 2012, ce taux était de 21,5 %.

Un objectif « sain », estime le DRH, Frédéric Henrion, mais pas si évident à tenir, alors que les effectifs globaux de l’entreprise tendent à s’éroder. « Nous ne maîtrisons pas le flux de ceux qui resteront. Beaucoup poursuivent leurs études. Il y a parfois des échecs, par exemple avec des canalisateurs en CAP qui, pour certains, viennent de l’insertion. » Toutefois, assure-t-il, les 25 % « sont atteignables si l’on concentre nos recrutements sur les métiers où nous avons les plus forts besoins ». À savoir : la maintenance électromécanique (20 % des alternants) et les chargés de clientèle à distance. Actuellement, 10 % des alternants sont recrutés sur des postes administratifs, téléconseillers compris. « Or, poursuit-il, dans ce métier, il faut six mois à deux ans pour être opérationnel. Plutôt que de dispenser de nombreuses heures de formation aux nouveaux recrutés en CDI, il nous est apparu naturel de développer l’alternance. »

Rationaliser les relations avec les CFA

À l’inverse, le volume d’alternants en CAP d’agents de réseau, qui forment également 20 % de l’ensemble, devrait être revu à la baisse : « Pendant dix ans, nous avons recruté beaucoup de canalisateurs, car la loi imposant de changer les tuyaux en plomb, nos besoins étaient importants, explique Frédéric Henrion. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : nous allons donc changer notre cible, mais pas notre méthode. »

Déjà éprouvée avec les canalisateurs, la méthode en question consiste à rationaliser ses relations avec les CFA. Car, pour recruter plus, il faut recruter mieux. « Aujourd’hui, cha­que agence travaille avec les ressources de son territoire et ne trouve pas forcément d’école qui réponde à ses attentes, explique Faiza Harrat, RRH de Lyonnaise des Eaux. Nous sommes en train de partager les expériences et les méthodes de chaque entité, dans l’objectif de construire, avec certaines écoles, des parcours de formation intégrant des modules correspondant à nos métiers. Avec des jeunes formés à nos spécificités, le taux de conversion en CDI sera meilleur. »

Avec les canalisateurs, cet audit avait débouché à « concentrer nos efforts financiers sur cinq CFA en France, à qui nous versons 50 000 euros de taxe d’apprentissage chacun », reprend Frédéric Henrion. Une part de ce budget sera redistribuée au profit des écoles formant les futurs conseillers de clientèle et électromécaniciens, une fois sélectionnées. Pour l’heure, un partenariat a été conclu avec une école bordelaise. « Une première promotion d’une quinzaine de personnes, dont plusieurs handicapées, a été montée pour former des chargés de clientèle en bac pro. Huit d’entre elles ont été embauchées en CDI », indique le DRH. Pour lever les freins à la mobilité – le nombre de CFA partenaires étant destiné à être limité – l’entreprise prend en charge les frais de déplacement et de logement des alternants lorsque le CFA est trop éloigné.

Fort investissement des tuteurs

Au-delà de l’atteinte d’un objectif chiffré, garder ses (ex-)alternants répond aussi, pour Lyonnaise des Eaux, à d’autres enjeux. Le turnover des chargés de clientèle est moindre lorsqu’ils viennent de l’alternance, constate Faiza Harrat. Pour Frédéric Henrion, « c’est la meilleure façon d’intégrer des jeunes en évitant les conflits intergénérationnels ». Claude Valentin, déléguée syndicale SEEE (encadrement, environnement, eau) et chef d’agence, souligne également la fierté des tuteurs lorsque l’alternance débouche sur un emploi durable : « Autrement, c’est vécu comme un échec. Former un alternant demande un fort investissement. »

LYONNAISE DES EAUX

• Activité : distribution d’eau.

• Effectif : 11 300 salariés.

• Chiffre d’affaires 2012 : 2,3 milliards d’euros.

Auteur

  • É. S.