Née dans la foulée du socialisme utopique du 19^e siècle, l’économie sociale et solidaire (ESS), qui se rattache aux noms d’Owen, de Saint-Simon et de Fourier, entendait faire la preuve par la pratique que le salariat ne constituait pas l’horizon indépassable de l’activité humaine et qu’il était possible de placer l’homme et non les capitaux au cœur du système de production. Plus d’un siècle et bon nombre de crises et d’excès du capitalisme plus tard, le propos garde évidemment toute son actualité.

Mais l’ESS peut-elle échapper à la logique dominante qui est celle d’une course effrénée à la productivité ? Cet ouvrage, qui rassemble douze contributions présentées lors des 11^es rencontres du réseau interuniversitaire de l’économie sociale et solidaire à Poitiers en 2011, aborde la question par deux côtés. Celui d’une éventuelle porosité entre l’ESS et les modes de management modernes d’une part, et celui, inverse, des leçons que l’on pourrait tirer au plan macroéconomique du succès de nombre d’entreprises de l’ESS. Autrement dit, ce modèle peut-il rester fidèle à ses valeurs dans le contexte d’une économie hautement concurrentielle ? Si oui, comment tirer parti de ce questionnement du salariat qu’elle met en œuvre ? La question n’est rien moins que réussir à recréer un triangle vertueux entre l’emploi, la cohésion sociale et la démocratie participative.

L’économie sociale et solidaire et le travail

Sous la direction de Patrice Braconnier et de Gilles Caire, L’Harmattan, 252 pages, 26 euros.