La mobilisation des chômeurs en France a longtemps été considérée comme improbable car il était acquis que la condition même de chômeur, du fait de son isolement, constituait un frein à l’action collective. Pourtant, depuis la fin des années 1990, il leur arrive de se mobiliser massivement, en France comme à l’étranger.

L’objectif de ce livre, coordonné par deux chercheurs, l’un associé au CNRS, l’autre au Centre de recherche et d’information sociopolitiques à Bruxelles, est d’élucider cette mutation. Neuf sociologues expliquent comment les chômeurs ont agi ensemble à l’occasion des différents mouvements auxquels ils ont participé et comment ils ont fait cause commune avec d’autres acteurs ou mouvements revendicatifs. Une première partie revient sur la genèse des principales associations de chômeurs nées en France depuis les années 1980. La seconde analyse la dynamique de deux mobilisations régionales et met en exergue la complexité des alliances qui s’y sont nouées. La troisième partie porte sur les tensions et clivages qui caractérisent le fonctionnement des organisations de chômeurs. La quatrième enfin est consacrée aux convergences que le mouvement des chômeurs a établies avec d’autres luttes de “sans” (sans-papiers, sans-domicile fixe).

La conjoncture économique et sociale en France comme ailleurs peut laisser augurer un développement de ce type de mouvements qui, quels que soient les difficultés et les balbutiements des regroupements, constitue un tournant dans les modes d’action collectifs autrefois structurés par et autour du travail.

Les Mobilisations de chômeurs en France

Sous la direction de Didier Chabanet et de Jean Faniel, L’Harmattan, 290 pages, 28,50 euros.