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Santé et sécurité, piliers de la RSE

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 16.07.2013 | SÉVERINE CHARON

À la suite de plusieurs opérations de LBO, le président de la PME spécialisée dans la fabrication de portes a décidé d’engager une démarche de responsabilité sociale en 2008.

En 2006, à l’issue d’un troisième LBO sur l’entreprise de menuiserie industrielle Bel’m, Yann Rolland, président du groupe (nommé Cetih depuis 2011), augmente sa quote-part au capital et devient actionnaire majoritaire. Pour rompre avec la seule logique financière des fonds d’investissement, il veut placer la responsabilité sociale et environnementale (RSE) au cœur de sa stratégie, au même titre que la performance économique, la qualité, et l’innovation.

Mini-audits

« La démarche RSE a été imaginée en 2007. Après un séminaire destiné à l’encadrement en 2008, des objectifs ont été définis, et la démarche a été présentée aux salariés réunis par groupes d’une vingtaine de personnes », explique Sylvain David, responsable hygiène sécurité environnement à Cetih. Dans une entreprise de menuiserie comme Bel’m (850 salariés), la sécurité et la santé des salariés ont constitué un chantier prenant. « De courtes visites de sécurité ont lieu sur tous les sites. Un binôme – un membre du CHSCT et un responsable du service – prend quelques minutes pour auditer et repérer les comportements à risques. Une cinquantaine de visites ont lieu chaque semaine », indique Sylvain David. La réalisation de ces mini-audits fait partie du suivi RSE mensuel communiqué au directeur général, et la prévention des petites imprudences se traduit dans le nombre d’accidents du travail, passé de 44 en 2007 à 10 en 2012. « Une bonne démarche en matière de sécurité nécessite d’être suivie. Il n’y a pas eu d’accident du travail en 2010 sur le site fabriquant les portes en bois, mais nous avons continué à communiquer pour éviter que l’attention ne se relâche » souligne Sylvain David.

Après la sécurité, le bien-être au travail et l’ergonomie des postes ont été étudiés, notamment pour éviter la manipulation des portes (40 à 80 kg pour celles en bois). Si des visites croisées entre Machecoul (Loire-Atlantique) et Roanne (Loire) ont permis de franchir une première étape avec l’implication des opérateurs et l’échange de bonnes pratiques, l’assistance d’un cabinet spécialisé en ergonomie a été nécessaire pour parvenir à éliminer toute manutention de portes. « Tous les postes peuvent être désormais tenus par des femmes », explique Sylvain David.

Boîtes à idées

Par ailleurs, une quarantaine de personnes participe à une session d’échauffements pour un réveil des muscles “en douceur” à Machecoul. Pour faciliter également la vie des prestataires, le nettoyage des locaux a été décalé de la tranche 5-8 heures du matin à 11-15 heures, les tâches gênantes ou bruyantes (serpillière, aspirateur) ayant lieu pendant la pause déjeuner des salariés. Cetih veille aussi à privilégier les relations suivies avec ses fournisseurs, et s’attache à savoir s’ils sont engagés dans une démarche RSE (c’est le cas de 35 % d’entre eux à fin 2012).

D’une manière générale, nombre d’améliorations ont été apportées grâce aux salariés par les boîtes à idées installées dans tous les sites, y compris si elles ne concernent pas leur poste ou leur service. Sur 1796 bonnes idées soumises en 2012, 90 % ont été réalisées. Les propositions les plus simples sont directement adoptées, tandis que les plus complexes ou coûteuses sont soumises à un jury.

Sur une suggestion d’un salarié, les chariots de manutention des ateliers ont pu être adaptés pour être utilisés aussi par les techniciens du service après vente lors de la dépose et de la repose chez le client. Désormais, un seul technicien suffit, qui ne risque plus de se faire mal au dos comme auparavant.

Salariés actionnaires

En matière sociale, une crèche interentreprises de 25 lits a ouvert à Machecoul en 2008 à l’initiative de l’entreprise Bel’m. Le directeur administratif et financier préside l’association gérant la crèche. Côté financier, le taux de participation aux bénéfices a été doublé depuis 2008 et porté à 20 % ; le nombre de salariés actionnaires est passé de 84 en 2007 à 195 en 2012.

Oreille attentive

« Nous ne sommes pas partis d’un terrain vierge en 2008, mais l’entreprise a beaucoup grandi, et il y a davantage d’intermédiaires entre l’opérateur dans l’atelier et la direction. La formalisation de la démarche RSE permet de maintenir l’implication de chacun », juge Jean-Marc Payen, secrétaire du CE. Il apprécie l’oreille attentive de la direction, notamment lors de la demande de mise en place d’un dispositif d’aide psychologique aux salariés, assuré par une assistante sociale une fois par mois. Sur le bilan des actions menées, Jean-Marc Payen regrette que rien n’ait encore été fait pour aider les salariés à se préparer psychologiquement au départ à la retraite, alors que les premiers menuisiers embauchés il y a trente ans, à la création de Bel’m, commencent à partir.

FORMALISATION ET COMMUNICATION

L’entreprise Bel’m a obtenu le label Lucie en 2009. « Notre objectif était surtout de vérifier que nous n’avions rien oublié dans notre démarche », explique Sylvain David.

Du côté des produits, Bel’m a innové en étant le premier fabricant de portes à afficher une étiquette environnementale en 2011. Cet indicateur développé en interne est établi sur l’ensemble du cycle de vie du produit (fabrication, usage, fin de vie). Cette innovation est un argument commercial fort de l’entreprise.

En 2013, le groupe a dressé le bilan de ses actions dans un premier rapport RSE. Imprimé cet été, il a vocation à être distribué aux salariés, aux clients et aux fournisseurs.

Auteur

  • SÉVERINE CHARON