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Enquête

LES YAHOO ! REVIENNENT AU BERCAIL

Enquête | publié le : 16.07.2013 | CAROLINE TALBOT

Marissa Mayer, la nouvelle patronne de Yahoo !, a choqué la Silicon Valley, en février, lorsqu’elle a supprimé la possibilité du travail à la maison. Depuis le mois de juin, 200 adeptes du télétravail sont de retour au bureau aux côtés de quelque 12 000 autres salariés du groupe.

Marissa Mayer, transfuge de Google, avait apporté avec elle des habitudes de son ancien employeur beaucoup plus populaires : smartphone pour tous et nourriture à volonté au bureau. Mais l’arrêt du télétravail a moins plu. « La vitesse et la qualité sont sacrifiées quand nous travaillons à la maison, a justifié dans un document interne Jackie Reses, responsable des ressources humaines de Yahoo !. Ce document, publié par le site All Things D, évoque une culture « plus productive, plus efficace et plus drôle » au siège de l’entreprise.

« Nous avons besoin de travailler les uns à côté des autres, écrit Jackie Reses. Être un Yahoo !, ce n’est pas seulement faire son travail au jour le jour, mais c’est profiter des interactions et des expériences possibles seulement au bureau. »

Mettre en commun les points de vue

Lorsque le département des ressources humaines a fait connaître ce nouveau règlement, au mois de février, la direction de Yahoo ! a refusé d’expliquer en détail ses intentions. « No comment », répondait-on systématiquement aux journalistes. Mais quelques mois plus tard, en avril, Marissa Mayer, invitée à Los Angeles au colloque Great Place to Work, s’est lâchée : « Les meilleures idées viennent parfois de la mise en commun de deux points de vue différents », a-t-elle dit. Et de citer en exemple une application Yahoo ! sur la météo utilisant la géolocalisation. Cette application est le fruit des cogitations de deux ingénieurs logiciels travaillant dans le même bureau.

Les arguments de la patronne de Yahoo ! vont à contre-courant de la tendance actuelle, favorable au télétravail. Selon les derniers chiffres du Census Bureau, 9,5 % des salariés américains en 2010 restaient au minimum un jour par semaine chez eux, ce qui correspond à une hausse de 35 % par rapport à 1997.

Et de plus en plus d’employeurs encouragent le mouvement : 34 % d’entre eux proposaient le télétravail en 2005, explique-t-on à la Society for human resource management ; en 2012, ils étaient 63 %.

Pourtant, plusieurs universitaires doutent de l’efficacité du travail à distance. Ainsi, le professeur Nicholas Bloom, de l’université Stanford, souligne les bienfaits de la « créativité au bureau » : « Vous formez une équipe, vous écrivez sur le même tableau, vous mangez ensemble, vous voyez les réactions de vos collègues. » En prime, l’employeur vérifie sur place la qualité du travail accompli. « Les personnels qui restent chez eux tout le temps ne font peut-être rien », accuse-t-il. La productivité des salariés éloignés se mesure moins aisément, et cela se ressent dans leur évolution de carrière. « Les télétravailleurs sont moitié moins promus que leurs collègues au bureau », conclut Nicholas Bloom.

La nouvelle politique de Yahoo ! n’est finalement pas si étrange. La preuve ? Elle fait des émules, comme la chaîne de magasins Best Buy.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT