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Enquête

LES SMARTPHONES FERONT LE JOB

Enquête | publié le : 16.07.2013 | HÉLÈNE TRUFFAUT

On voit mal comment les DRH pourraient encore échapper aux nouveaux usages des jeunes postulants, résolument adeptes des médias sociaux et des terminaux mobiles.

Tous les spécialistes le disent : mobilité et réseaux sociaux devraient enfin s’imposer ! « Le smartphone est devenu le principal outil de communication des jeunes », constate Éric Gellé, directeur régional Europe de l’Ouest de l’éditeur Lumesse. Dès lors, pourquoi ne pas leur permettre d’optimiser leur recherche d’emploi par ce biais ?

C’est sur ce créneau que s’est positionnée, par exemple, Rue de l’emploi, une plate-forme de recrutement 100 % mobile créée en 2012, qui permet aux employeurs de déposer des offres directement depuis leur mobile, et aux candidats d’y répondre par le même canal, avec un CV embarqué au format approprié.

Le recrutement mobile, ou “m-recrutement”, profite du reste des fonctionnalités du smartphone, avec l’apparition d’offres d’emploi géolocalisées. Téléchargée 200 000 fois depuis sa création par l’agence Smart& Geek, début 2012, l’application Job-AroundMe intègre la réalité augmentée : le candidat filme autour de lui et visualise les annonces à proximité (l’outil se synchronise avec les sites carrières des grandes entreprises).

Un gadget ? Sans doute pas pour des offres d’emploi peu qualifié, qui demandent de la réactivité. « Mais si les cadres ne sont pas notre priorité, nous avons de plus en plus de candidats au niveau bac + 5 », soutient le patron de Smart&Geek Jean Mariotte. Thales, entre autres, vient d’ailleurs d’adopter l’application JobAroundMe pour présenter à sa cible de jeunes ingénieurs non seulement ses offres d’emploi, mais aussi les technologies maison.

Une interconnexion croissante

« La technologie RFID (sans contact) est également prometteuse, poursuit Jean Mariotte. Elle pourrait permettre d’accéder sur un mobile à des informations ou à des offres à partir d’objets connectés : logos, affiches, devantures de restaurants… »

Par ailleurs, beaucoup parient sur une interconnexion croissante des solutions de recrutement : sites d’emploi, applications mobiles et système d’information RH avec les réseaux sociaux professionnels.

Via les interfaces de programmation (API) de ces derniers, les éditeurs ont la possibilité d’ajouter certaines fonctionnalités « sociales » à leurs solutions de gestion des talents. Et ils cherchent aujourd’hui à optimiser, en limitant les “clics”, l’acte de candidature sur les médias sociaux.

CV fraîchement mis à jour

À terme, « le CV au format PDF devrait disparaître au profit des profils créés sur les réseaux sociaux professionnels », prédit Adrien Ledoux, cofondateur de JobTeaser (plate-forme de présentation des entreprises destinée aux étudiants et aux jeunes diplômés). L’avantage pour les recruteurs est de pouvoir disposer de CV fraîchement mis à jour – et du réseau de contacts des intéressés.

Selon Adrien Ledoux, le bouton Apply with LinkedIn, que des employeurs insèrent sur leur site de recrutement pour autoriser le transfert direct du profil LinkedIn des candidats, aurait déjà un certain succès aux États-Unis.

Mais faciliter la candidature ne va pas sans poser quelques problèmes aux employeurs, qui devront reconfigurer leur site carrières pour l’adapter aux terminaux mobiles. En dépit de leurs efforts pour développer leur identité digitale, les entreprises ne sont guère équipées pour traiter les réponses provenant de différents canaux. Sans compter qu’avec des candidats prêts à dégainer leur CV en tous lieux et à tous moments, les candidatures risquent de manquer de pertinence et nécessiteront la mise en place de filtres appropriés.

Pour l’heure, « les personnes en recherche d’emploi apprécient surtout de consulter les offres à distance, mais préfèrent postuler de chez eux », tempère Adrien Ledoux, qui, pour sa part, croit beaucoup à la contextualisation des annonces. « L’offre sèche ne suffit plus. Elle a besoin d’être étayée par du contenu : courte vidéo, interview audio, coaching », énumère-t-il. Il s’agit de bichonner les futures recrues. « Une politique est en train de se mettre en place autour de “l’expérience candidat” tout au long du cycle de recrutement », appuie Éric Gellé.

Au service des chercheurs d’emploi, la vidéo viendra peut-être aussi, à terme, à l’aide des recruteurs. C’est l’objectif d’EasyRecrue, une nouvelle application d’entretien vidéo différé pour la présélection des postulants. Mais une chose est sûre : pour ne pas manquer leur cible, les recruteurs devront rapidement s’atteler à la mise au point d’une stratégie multi ou “cross-canal”.

Auteur

  • HÉLÈNE TRUFFAUT