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MarocRAMADAN : UN DÉFI POUR LA GRH

Pratiques | International | publié le : 09.07.2013 | ISABELLE ARBONA

Le jeûne du ramadan qui, cette année, débute ce 9 juillet, constitue un véritable défi en matière de gestion des ressources humaines. Les entreprises doivent tenir compte de la fatigue de leurs salariés, et s’adaptent.

Chaque année, les entreprises du très pratiquant Royaume chérifien font face au même défi : conserver leur fonctionnement et leurs performances durant tout le mois du ramadan, qui impose un jeûne aux croyants. D’autant qu’il s’agit d’une période que l’on passe traditionnellement en famille. Aussi, les entreprises font-elles preuve d’une grande souplesse en matière d’aménagement des horaires de travail pour que les Marocains restent fidèles au poste. Aucune loi ne régit spécifiquement les horaires des entreprises du secteur privé pendant cette période. Dans la pratique, « nombreuses sont celles qui raccourcissent le temps de travail d’une heure minimum, voire de deux heures », explique Ahmed Laksiwar, spécialiste en droit du travail.

Aménagements d’horaires

L’État donne l’exemple, puisque, chaque année, le ministère de la Fonction publique publie un arrêté spécifiant les horaires de travail des fonctionnaires pendant le jeûne. Dans le secteur des assurances et des banques, les salariés sont généralement au bureau de 9heures à 16 heures ou peuvent être autorisés par leurs managers à commencer dès 8 heures pour terminer à 15 heures, comme c’est le cas chez Attijariwafa Bank. Une attention d’autant plus appréciée que, quand le Ramadan tombe en été, la durée du jeûne fatigue plus les organismes.

Maintenir son attractivité

Mais ailleurs, les aménagements d’horaires sont plus difficiles à mettre en place. C’est le cas dans les centres d’appels qui travaillent pour des clients internationaux, une activité très importante au Maroc. Webhelp, qui compte 7 000 collaborateurs et 11 sites dans le pays, multiplie les animations pour maintenir son attractivité durant ces quatre semaines et demie. Le f’tour – le repas qui marque la fin du jeûne – est offert quotidiennement à tous les salariés présents sur les plates-formes au moment de la rupture du jeûne. Au cours de cette période, l’entreprise organise également une tombola dont les tickets sont distribués en fonction de l’assiduité au travail. À la clé, de très gros lots comme une voiture, la prise en charge des frais de mariage ou un pack high tech de près de 7 000 euros. « Avec une population âgée en moyenne de 25 ans et une forte demande du secteur, la question du turn-over se révèle plus sensible encore pendant cette période », explique Charlotte Tertrais-Cherkaoui, directrice de la communication de Webhelp.

Dans les usines Renault de Tanger et de Casablanca, le f’tour est aussi offert aux salariés. Mais les horaires en production ne changent pas. Seul le personnel administratif a la possibilité d’opérer en horaire continu.

Dans d’autres secteurs industriels, notamment l’agroalimentaire, la cadence doit même s’accélérer, car le ramadan correspond à un temps fort de consommation. Sur la route de Marrakech, à Berrechid, l’entreprise MFP, spécialisée dans la production de jus et de nectar de fruits, aménage le temps de travail des ouvriers de façon à ce qu’une partie des équipes termine avant la rupture du jeûne et que la seconde prenne son service après le f’tour.

Outil de management

Les industriels qui fabriquent des biens non périssables sont également sur le pont en raison des opérations de promotion toujours très importantes pendant le ramadan. Au Maroc, Procter & Gamble diminue d’une heure le temps de travail de ses salariés et fait preuve de pragmatisme : « Pas question de planifier des réunions importantes tôt le matin. On s’adapte », note François Alix, DRH de Procter & Gamble pour l’Afrique du nord et de l’ouest. Dans chaque département de la filiale marocaine, au moins un f’tour est organisé. « C’est l’occasion de faire un point sur les projets et les objectifs », poursuit François Alix. Car, contre toute attente, le ramadan peut aussi être perçu comme un outil de management ou, en tout cas, un moyen de renforcer la cohésion des équipes…

Auteur

  • ISABELLE ARBONA