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À ÉTUPES, LES AST RÉINVENTENT LA LANGUE DES SIGNES POUR MIEUX APPRENDRE

Pratiques | publié le : 09.07.2013 | CHRISTIAN ROBISCHON

Les Ateliers Spécialisés Technoland (AST), établissement de travailleurs handicapés, transcrivent toutes les tâches de fabrication et d’assemblage de pièces automobiles en une multitude d’images, afin de les rendre compréhensibles.

Brouette violette + escargot gris = hibou noir. De prime abord, l’équation apparaît loufoque et totalement hors sujet dans un atelier de câblage pour l’automobile. En réalité, elle explique quelles pièces assembler à des salariés atteints de déficience intellectuelle dans les AST d’Étupes, dans le Doubs. Des pictogrammes de ce genre, l’établissement en compte des centaines sinon des milliers, représentés sur des panonceaux suspendus au-dessus des lignes de production. Sous-traitant du groupe PSA et en premier lieu de l’usine voisine de Sochaux, les AST ont mis au point ce très riche “langage des signes”, qui fait correspondre un dessin à chaque type de pièce pour la bonne compréhension de l’opérateur.

Aller à l’essentiel

Animaux, objets de la vie courante, éléments naturels : l’imagination est sans limites. « Le contenu s’est enrichi avec le temps, au fur et à mesure des marchés qui nous ont été confiés », souligne Jean-Michel Laforge, directeur des AST. Il n’a pas de rapport logique avec la pièce : le soleil ou les nuages noirs ne signifient pas respectivement une tâche bien ou mal accomplie, pas plus que le camion ne renvoie à une opération de transport ni le casque à une consigne de sécurité. « Nous avons aussi conçu des vidéos pour des opérations plus complexes, comme l’assemblage de l’allume-cigare. Ou pour décrire les aspects ergonomiques d’un poste de travail », souligne Laurent Droxler, responsable de production. Le descriptif des fiches de poste va lui aussi à l’essentiel, sans fioritures.

Avec un effectif de 500 travailleurs handicapés, dont 450 pour la sous-traitance automobile, les AST d’Étupes comptent parmi les poids lourds nationaux de l’emploi handicapé. Quarante éducateurs encadrent les équipes d’une douzaine de personnes. Pour s’adapter aux différents degrés de handicap, l’activité de sous-traitance automobile fonctionne en deux structures : un Ésat et une entreprise adaptée. « Si le premier travaille de journée, la seconde est en partie organisée en deux équipes postées, ce qui nous permet de fonctionner de 5 heures à 21 heures et de nous adapter aux cadences de PSA, dont nous fournissons de nombreuses usines en France et dans le monde, jusqu’en Chine », souligne Jean-Michel Laforge.

Outils adaptés de lean management

Les AST, qui font partie de l’Adapei du Doubs, réalisent trois prestations automobiles : le ferrage (soudage de pièces), l’assemblage de composants divers (blocs ABS, boîtes à cric…) et les câbles de batterie ou de liaisons. PSA leur confie systématiquement cette dernière activité afin de respecter ses obligations légales pour l’emploi handicapé. Pour la plupart des autres produits, il les met en concurrence avec des fournisseurs classiques, ce qui n’empêche pas les AST de l’emporter. « Pour demeurer compétitifs, nous nous sommes formés comme les autres aux outils du lean management, que nous adaptons à nos spécificités », souligne Jean-Michel Laforge. Le 19 juin, PSA leur a décerné un prix spécial national pour la réorganisation du process sur la base des outils lean par le programme dénommé “Bonnes pratiques humaines et industrielles” de la filière automobile locale.

Les AST ont leurs homologues près de l’usine PSA voisine de Mulhouse : l’association Les papillons blancs emploie 525 travailleurs handicapés en quatre Ésat dans le Haut-Rhin, qui travaillent à 60 % pour le constructeur automobile. Ils représentent 2 % d’unités TH pour l’usine de Mulhouse. Celle-ci emploie en outre 7 % de handicapés en direct.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON