Fini le temps des intranets disparates et des applications collaboratives en silo. Depuis dix-huit mois, EDF dispose, sous la bannière Vivre EDF on line, d’une plate-forme unique qui intègre tout ce que ses ingénieurs avaient inventé de mieux pour partager leurs connaissances, mais de façon trop compartimentée aux yeux de la direction.

À partir d’une seule adresse Web (intranet.edf.fr), les 100 000 salariés du groupe en France peuvent désormais interagir avec leur communauté professionnelle, y compris depuis leurs tablettes ou smartphones. Chaque utilisateur se compose un compte et renseigne ses coordonnées pour l’annuaire du groupe. Selon ses centres d’intérêt, il peut alors produire de l’information locale, partager son expérience et réagir à la communication interne qu’il reçoit. Ce réseau (conçu avec le portail open source Liferay) est un outil d’échange de pratiques au sein des communautés métier, tout autant qu’un moyen d’organiser du covoiturage ou de publier des petites annonces.

Fin mai, ils étaient 95 000 à s’y être inscrits, dont des prestataires habilités à se connecter pour certains projets. Signe, selon la direction, que la plate-forme est une réussite : les différents métiers du groupe ont progressivement fait migrer leurs applications dans l’intranet. Au total, 150 communautés existeraient déjà, dans tous les domaines : RH, finances, activités hydrauliques, thermique…

Cette convergence informatique est pilotée conjointement, depuis avril 2011, par les trois directions des RH, de l’informatique et de la communication. « Ce sponsoring tripartite témoigne d’une volonté de placer le salarié au cœur du système, explique Isabelle Reyre, directrice associée d’Arctus, la société de conseil qui assure la maîtrise d’ouvrage. La direction voulait que le cadre d’action du collaborateur soit le plus étendu possible pour qu’il puisse travailler en réseau et à distance, ainsi que choisir et commenter les informations qu’il reçoit. »

Mais il a d’abord fallu faire le tri : « Nous avons invité chaque métier à faire la revue de ses intranets, à vérifier qu’ils étaient utilisés et entretenus comme tels, avant de rationaliser l’ensemble, témoigne Marianne Laigneau, DRH du groupe EDF. Cela nous a conduits à fermer une centaine d’entre eux et a permis de libérer des ressources humaines et financières pour les affecter au projet de plate-forme intégrée, car un intranet non utilisé génère des coûts de maintenance. » Le budget ainsi dégagé atteindrait plusieurs millions d’euros.

La direction veut aussi imprimer un nouveau modèle managérial : « Nous recrutons 6 000 personnes chaque année, dont 80 % sont âgées de moins de 28 ans, souligne la DRH. Le choc générationnel va s’accentuer. Nous devons promouvoir de nouvelles formes de management et de communication. L’intranet annonce un changement culturel. »

Sa mise en place a fait émerger un nouveau métier : celui de community manager. « Nous en avons identifié et formé 150, avec un responsable de groupe pour chaque spécialité – distribution, RH, finance… », raconte Marc Bertrand, responsable digital à la DRH. L’administration du site est, quant à elle, assurée par une petite équipe de la direction de la communication.

Pour stimuler l’adhésion des salariés, la direction a prévu de lancer régulièrement des appels à contribution sur des sujets transversaux. Elle l’a fait, par exemple, en matière de handicap, pour la recherche de solutions techniques ou d’aménagements des postes de travail. De quoi valoriser l’innovation participative à l’échelle du groupe.