Les citoyens européens rejettent de plus en plus la mondialisation et l’Europe, qui en paraît l’outil politique. D’autant plus que leurs conditions de vie se détériorent. Comment se fait-il que le libre-échange, qui a signifié une augmentation sans précédent des profits et des niveaux de vie des populations, soit aujourd’hui perçu comme un problème ? Qu’une institution qui a accompagné le Vieux Continent pendant des décennies de prospérité soit ainsi clouée au pilori ? Pour l’auteure, professeur de droit au Collège de France, la raison en est simple dans son principe.

Le droit commercial partout dans le monde s’est développé au détriment du droit social. Dans les pays bénéficiant d’une protection sociale élevée comme la France, cela s’est traduit par une régression nette de ces droits et par un affaiblissement du pouvoir de négociation des salariés. Dans un contexte économique mondialisé, la négociation sociale a été déboutée de ses prérogatives par la multiplication des directives supranationales (européennes, accords commerciaux internationaux…) et n’est pas parvenue, de ce fait, à défendre les avancées sociales faute d’un cadre international de négociation. Or le malaise des salariés est tel que la tendance au repli nationaliste représente un vrai danger politique, économique et social. À défaut d’être viable pour les hommes, le système risque d’exploser en vol. Paradoxalement, la crise financière pourrait offrir à l’Europe l’occasion de remettre les choses à plat en revisitant la logique du profit. Comme il est impossible de continuer longtemps dans l’impasse où les économies se sont engagées, nous n’avons pas d’autre choix, selon l’auteure, que de changer de modèle. C’est donc à l’État, voire aux communautés d’États de reprendre la main pour limiter la capacité de nuisance du capitalisme financier. CQFD.

Le Travail à l’heure de la mondialisation

Mireille Delmas-Marty, Bayard éditions, 100 pages, 14 euros.