logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

En Rhône-Alpes, l’écomobilité a le vent en poupe

Pratiques | publié le : 18.06.2013 | LAURENT POILLOT

Image

En Rhône-Alpes, l’écomobilité a le vent en poupe

Crédit photo LAURENT POILLOT

Près de 500 entreprises rhônalpines ont participé à une opération de promotion de l’écomobilité proposée par le conseil régional et l’Ademe. Un coup de pouce à la communication interne des employeurs les plus sensibilisés aux plans de déplacements et aux politiques de RSE.

Choisir une alternative à l’auto en solo pour se rendre au boulot : c’est ce que proposent depuis trois ans le conseil régional et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) aux employeurs de Rhône-Alpes, le temps d’un Challenge de la mobilité d’une journée, au cours de laquelle les salariés engagés sont comptabilisés et leurs entreprises distinguées suivant le taux de participation atteint. Toutes les entreprises sont encouragées, même les plus petites. Parmi elles, Kapt, toute jeune TPE spécialisée dans les applications pour tablettes et smartphones, a été primée en 2012. Le dirigeant a remis ses sept permanents dans le coup le 6 juin pour l’édition 2013.

Varier les modes de transport

« Nous avons moins de places de parking que de personnes au bureau », justifie Sébastien Guardiola, dont l’entreprise est établie sur un pôle tertiaire tout près de la gare TGV de Valence. La contrainte de varier les modes de transport n’a que des avantages, selon lui : « Le covoiturage que nous organisons entre les différentes structures voisines nous évite de rester dans notre microcosme. » Le coût des pleins d’essence serait même, selon lui, devenu « dérisoire ».

Pour le challenge, de tels reports enregistrés sur la voiture du voisin, le vélo, le train ou le car sont surtout déclaratifs. Chaque salarié renseigne son mode de déplacement sur un bulletin qu’un référent, dans l’entreprise, compile avec les autres sur Internet. Néanmoins, les entreprises font valider leurs résultats par le relais local (une association, une collectivité ou un espace info énergie) qui les a accompagnées au préalable, parfois dès mars, dans leur communication interne.

Sont tenus pour positifs tous les déplacements permettant d’éviter l’émission de CO2. Certains salariés font alors parler leur imagination. Comme chez Siemens Energy à Grenoble, où certains avaient retenu la solution de venir au travail sur l’Isère, en kayak. Leur embarcation avait ensuite trouvé sa place dans le local à vélos.

Esprit festif

L’édition 2013 devrait avoir à son tour son lot de surprises. « L’aspect festif est très important », souligne Marjorie Perli, responsable de l’antenne française de Mobilidée, une société suisse de conseil en mobilité, que l’Ademe et le conseil régional ont désignée pour coordonner les douze relais locaux intervenant auprès des entreprises. « Certaines décident d’offrir un pot d’accueil pour remercier les salariés qui ont joué le jeu, d’autres font une paella géante ou proposent d’essayer des vélos à assistance électrique, ou même la voiture électrique de Renault. »

Sans attendre la proclamation des dix lauréats, la région et l’Ademe se sont dit satisfaits des plus de 500 établissements inscrits (un même employeur pouvait décider d’inscrire tout ou partie de ses sites), soit 100 de mieux qu’en 2012. « Il n’est pas facile, en période de crise, de mobiliser les entreprises sur un sujet qui n’est pas leur enjeu principal du moment », admet François Jarry, chargé de mission à la région. Mais il tablait tout de même sur « 100 000 salariés potentiellement engagés ». Pourquoi le conseil régional fait-il la promotion d’une démarche qui relève, en principe, de l’échelon local ? « Il existait plusieurs événements sur le territoire, répond François Jarry. Nous fédérons les initiatives et permettons aux entreprises de mesurer leur progrès, d’une année sur l’autre. » Le budget de cette opération s’élève à 60 000 euros, financés par l’Ademe et la région, qui en ont délégué la gestion opérationnelle et les outils de communication à trois prestatataires. Au-delà, la collectivité régionale finance des postes d’animateurs de plans de déplacement interentreprises (PDIE), sans qui les initiatives locales seraient difficiles à pérenniser.

En France, les entreprises et les administrations s’intéressent depuis peu à cet enjeu. Les premiers plans de déplacements d’entreprise (PDE) remontent à l’aube des années 2000. L’un des plus significatifs avait été celui de ST-Microelectronics Grenoble. En 1999, son centre de R & D embauchait massivement de jeunes cadres et ingénieurs : le parking du site avait vite atteint sa limite. Cet établissement de près de 2 000 salariés avait déclenché un report modal progressif vers les transports en commun, le covoiturage et le vélo.

Cas d’école

Ce cas d’école en a inspiré d’autres à Grenoble. Puis le Grand Lyon s’y est mis à son tour. La collectivité se flatte d’avoir 14 plans interentreprises concernant 400 sociétés et 45 000 salariés. Le site de covoiturage qu’elle a mis en place lui a permis de mesurer que les covoitureurs les plus réguliers économisaient 20 pleins d’essence en une année (soit 1 727 euros), en effectuant six trajets partagés par semaine.

« Peu de régions ont autant de plans de déplacements », observe Jean-Marc Guillevic, DRH de Siemens Energy France. Il juge utile de participer au challenge régional : « Toute manifestation permettant de promouvoir notre PDE est importante. C’est à chaque fois une occasion de remettre nos pratiques en perspective. » Entre autres initiatives, Siemens a développé son site de covoiturage et offre la gratuité de l’abonnement au Vélib’ grenoblois.

Adhésion progressive

Même sentiment favorable chez Soitec, où 38 % des 621 salariés présents à Bernin (Isère) s’étaient mobilisés en 2012. « C’est un outil de communication interne important pour notre PDE, qui vise à gagner chaque année 5 % de report modal », explique Corinne Margot, la DRH. Pas évident, sachant que la localisation du site de Bernin, à la périphérie de Grenoble, incite surtout aux trajets autosolistes. Soitec a réduit leur proportion (75 %) en trois ans, en s’inscrivant au site de covoiturage du département et en s’équipant d’un parc de vélos électriques pour les petits trajets domicile-travail.

L’adhésion progressive des entreprises encourage, réciproquement, les collectivités à rivaliser d’inventivité. Dans la Drôme, la jeune autorité organisatrice des transports Valence Romans Déplacements utilise le challenge pour démarcher les entreprises sur leurs besoins de mobilité. Autre exemple, à Lyon : la communauté urbaine vient de s’associer à une expérimentation de partage de véhicules entre personnes privées que propose le prestataire Deways. Ses partenaires ? l’Ademe, mais aussi PSA et la Macif, qui assurerait cette nouvelle génération de conducteurs.

L’ESSENTIEL

1 Depuis une dizaine d’années, dans le sillage de ST-Microelectronics, de nombreuses entreprises de la région Rhône-Alpes ont mis en place des plans de déplacements alternatifs au transport automobile individuel.

2 Les collectivités s’associent aux efforts de responsabilité environnementale. Les salariés qui optent pour le report modal réalisent aussi des économies de frais de transport.

3 Le “challenge” organisé par la région et l’Ademe permet de fédérer les initiatives et de les pérenniser.

10 tonnes d’équivalent CO2 économisées en un jour

En 2012, près de 19 000 salariés de 401 organismes de toutes tailles avaient participé au Challenge de la mobilité en Rhône-Alpes.

Les organisateurs (Ademe et région Rhône-Alpes) avaient noté que 23 % des participants (soit 4 258 personnes) avaient réalisé un report modal ayant permis d’éviter l’émission de 10 tonnes d’équivalent CO2.

S’agissant des modes de transport, 14 % des salariés avaient déclaré avoir choisi le vélo, 27,5 % le covoiturage, 20,5 % l’intermodalité (combinaison d’au moins deux modes de transport) et 36 % les transports en commun. Seuls 1,5 % avaient opté pour la marche à pied et 0,5 % s’étaient équipés d’un “objet mobile non identifié”, tel que skateboard, trottinette ou rollers.

Auteur

  • LAURENT POILLOT