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Enquête

LE TEMPS PLEIN, UN VECTEUR D’ATTRACTIVITÉ DIFFICILE À ORGANISER

Enquête | publié le : 18.06.2013 | É. S.

Le temps partiel explique en partie les difficultés de recrutement pour les conducteurs de cars. Les entreprises cherchent à développer la multiactivité, mais les solutions sont complexes à élaborer.

Deux heures de travail le matin, deux heures l’après-midi, hors vacances scolaires : les conditions d’emploi des conducteurs de cars scolaires ne sont guère attractives ; 56 % des offres de conducteurs déposées à Pôle emploi sont à temps partiel et 15 % proposent moins de 20 heures de travail par semaine. Or la demande existe, tirée par une activité dynamique, une pyramide des âges élevée, et un turnover qui s’explique par… le faible temps de travail. « Les besoins augmentent de l’ordre de 40 % chaque année, et l’on arrive à un point où des entreprises risquent de ne plus pouvoir assurer certains services », remarque Claire Morille, déléguée régionale de la FNTV (Fédération nationale du transport de voyageurs) Pays de la Loire.

Temps partiel subi

Un vrai casse-tête pour les autocaristes, qui cherchent comment contourner la difficulté. Geneviève Quintin, responsable RH de Keolis Atlantique, tente d’élargir le sourcing : « Pour accroître la fidélisation des salariés, nous ciblons les personnes qui ont déjà une activité et souhaitent un complément à temps partiel. Nous passons par Pôle emploi, mais nous mettons aussi des annonces sur Le Bon Coin, et nous avons un partenariat avec La Poste pour distribuer des annonces dans les boîtes aux lettres des particuliers. Car nous devons, en outre, recruter des personnes qui habitent près de leur prise de poste afin qu’elles puissent s’y rendre deux fois par jour. » Il n’empêche : un tiers de ses conducteurs sont à temps partiel subi, « là où se fait le turnover ». Une proportion que l’on retrouve dans beaucoup d’entreprises de la branche.

D’autres employeurs cherchent de leur côté à développer la multiactivité de leurs conducteurs scolaires. En Limousin, l’entreprise CFTA a construit quelques « doubles postes, avec des conducteurs formés pour assurer aussi des fonctions mécaniciennes ou administratives, relate son directeur, Jean-Philippe Germain. 5 % de nos conducteurs sont polyvalents ».

Développer les compléments d’activité

Autre piste, le couplage avec un second emploi dans une autre entreprise. La FNTV Pays de la Loire amorce une réflexion, avec le conseil régional notamment, pour développer les compléments d’activité avec différents secteurs : « La propreté hôtelière, la grande distribution, la restauration collective font partie des pistes auxquelles nous réfléchissons, indique Claire Morille. Mais c’est très compliqué : le transport scolaire n’autorise aucune souplesse dans les horaires. Et il faut explorer plusieurs secteurs, car une même activité ne conviendra pas à tout le monde. »

À Europ Voyages, des entretiens ont été organisés avec les conducteurs, « pour voir quelle autre activité les intéresserait, explique le responsable de formation, Philippe Landreau. On a vu que les services à la personne leur correspondaient le mieux ». La Direccte est donc en train de contacter ces entreprises et d’autres pour voir quelle organisation pourrait être déployée. « L’idée serait de mettre en place un groupement d’employeurs intersectoriel », précise Philippe Landreau.

Dans la Nièvre, une solution pérenne a été trouvée en avril 2011, avec la création d’un Geiq, dont la particularité est de former les personnes recrutées à deux métiers : auxiliaire ambulancier (70 heures de formation) et conducteur de voyages interurbains (420 heures de formation). « Les personnes sont recrutées en CDD d’un an en contrat de professionnalisation, explique Jeanine Raheb, sous-directrice du Geiq. Elles ont souvent un parcours professionnel chaotique, sans qualifications précises. » Cinq personnes ont été formées en août 2012 puis embauchées en CDI à temps complet par un groupement d’employeurs créé pour assurer la continuité du parcours. « Entre les trajets du matin et du soir, des interventions en ambulance peuvent être programmées, de même que les mercredis, samedis et pendant les périodes de vacances scolaires, précise Jeanine Raheb. De leur côté, les entreprises de transport sanitaire, qui élaborent leurs plannings à très courte échéance, en fonction des besoins et des personnes libres lors de certains créneaux de la journée, peuvent mieux s’organiser. »

Autant d’expériences que la branche cherche à développer. Elle a d’ailleurs commandé au cabinet Ambroise Bouteille un benchmark des initiatives existantes pour dupliquer les bonnes idées. Il devrait rendre sa copie à la rentrée prochaine.

Auteur

  • É. S.