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Enquête

DES PROGRAMMES DE RECONVERSION EN MIDI-PYRÉNÉES

Enquête | publié le : 18.06.2013 | CATHERINE SANSON-STERN, MARIETTE KAMMERER

Pour répondre à l’afflux des commandes, l’aéronautique recrute tous azimuts. Face à la pénurie de certains profils, les entreprises forment en interne des demandeurs d’emploi sélectionnés avec Pôle emploi.

Ajusteur-monteur aéronautique, chaudronnier, opérateur machine numérique, assembleur composite, intégrateur-cabine… autant de profils pour lesquels « les besoins sont critiques, c’est-à-dire avec une pénurie sur le bassin géographique, un besoin en croissance dans les quatre ans et une quasi-saturation des organismes régionaux de formations », analyse Luc de Laroche, dont le cabinet Hommes & Développement a étudié les besoins de la filière aéronautique en Midi-Pyrénées fin 2012.

Pour trouver une solution rapide, plusieurs PMI sous-traitantes d’Airbus se sont organisées. Elles ont mis en place des formations en interne pour des demandeurs d’emploi, afin de pourvoir leurs besoins et, parfois, ceux de leurs homologues. Sélectionnés par Pôle emploi avec la méthode de recrutement par simulation, les candidats suivent des formations de neuf à douze mois, en POE puis en contrat de professionnalisation.

Formation ouverte à tous les sous-traitants

Mecahers, qui a recruté 40 personnes en 2012 et en prévoit autant en 2013, a créé sur son site de Saint-Alban (nord de Toulouse) un centre de formation dédié aux métiers de la chaudronnerie et du montage de cellules. Vingt personnes sélectionnées par Pôle emploi y sont actuellement en contrat de professionnalisation. « Nous avons voulu, à travers cette démarche, anticiper nos besoins et ceux de nos confrères, car cette formation est ouverte à tous les sous-traitants », souligne Céline Fattalini, la DRH de cette entreprise de tôlerie et montage de structures aéronefs.

Idem chez Recaero. Spécialisée dans les pièces de rechange pour l’aéronautique, la PMI ariégeoise fait appel à ses seniors et retraités expérimentés pour former des chaudronniers, ajusteurs, opérateurs commande numérique, peintres aéro ou mouleurs-stratifieurs. Une trentaine de personnes, formées de février à mai 2012, viennent d’être embauchées à l’issue de leur contrat de professionnalisation chez elle, et dans quatre autres PMI voisines. Une autre session de 30 stagiaires a commencé en décembre.

Les PME éloignées de l’agglomération toulousaine y voient aussi l’intérêt de fidéliser leurs recrues en les embauchant sur place. C’est le cas de Recaero ou encore de Latécoère, qui a monté une structure temporaire avec l’Afpa pour qualifier en neuf mois 12 ajusteurs-monteurs pour son site de Gimont (Gers). Pourtant, l’équipementier ne souhaite pas s’y engager davantage : « Nous avons monté une première formation en septembre 2011, faute de trouver des personnes formées, mais nous avons demandé aux pouvoirs publics de prendre le relais », témoigne Pierre Burello, le DRH. L’Afpa devrait du coup ouvrir un pôle de formation aéronautique à Gimont en septembre 2013, avec des financements de la région et de la mairie.

Selon l’UIMM Midi-Pyrénées, 50 % des 5 000 recrutements de 2012 dans la métallurgie ont été le fait de reconversion de demandeurs d’emploi, avec un taux d’embauche de 90 %. Mais les besoins critiques ne concernent pas que les ouvriers et les techniciens. Les ingénieurs sont également concernés. Quelques SSII se sont donc engagées dans la même voie. « Pour recruter sans condition de diplôme, nous avons monté nos propres cursus de formation en interne », indique Françoise Chalies, responsable RH d’Athos aéronautique, qui a du mal à trouver des profils qualifiés pour ses activités de montage d’avions, d’essais techniques et de contrôle qualité. Sur 100 recrutements prévus cette année, 8 postes de contrôleur qualité aéronautique étaient réservés à des femmes en reconversion professionnelle, sélectionnées par Pôle emploi, acceptant de suivre une formation préalable de 550 heures. « Les profils retenus sont très variés – DUT chimie, BEP mécanique, licence textile, BEP secrétariat… – jamais nous ne les aurions recrutés par la voie habituelle, or cette diversité est une vraie richesse », estime la RRH.

Féminisation

De fait, le boom de l’aéronautique est aussi l’occasion pour les femmes de faire leur trou dans l’industrie : « Cette formation et le recrutement par habiletés ont permis de faire entrer des femmes comme tourneuses, mouleuses-stratifieuses ou ajusteuses-monteuses (9 stagiaires sur 30), se félicite Christelle Pobeau, DRH de Recaero. Et les hommes de l’encadrement de l’atelier sont demandeurs ! »

SOGETI PASSE PAR LA PROMOTION INTERNE

« Nous sommes confrontés à une pénurie d’ingénieurs calcul alors que nous avons des difficultés à trouver des missions pour des spécialistes du design. » Pour trouver la perle rare, Julie Odonnat, RRH de l’entité Ingénierie physique de Sogeti High Tech a d’abord passé de nombreux accords avec des universités et recruté des ingénieurs espagnols. La société d’ingénierie mise désormais sur la promotion interne.

La RRH a choisi de préparer ses propres techniciens au métier de bureau d’études et de gestion de projet, et de leur donner une double compétence design et calcul. Neuf salariés préparent un diplôme d’ingénieur en mécanique des structures aéronautiques en deux ans au Cnam, à raison de deux demi-journées par semaine sur leur temps de travail. Une deuxième promotion démarrera en septembre 2013.

Auteur

  • CATHERINE SANSON-STERN, MARIETTE KAMMERER