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Enjeux

Transformer notre vision du monde

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET, CONSEIL EN ENTREPRISES À PARIS. <> | publié le : 18.06.2013 |

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Transformer notre vision du monde

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Chacun de nous est porteur d’une certaine vision du monde, qui lui a été transmise par osmose dans sa culture d’origine. Le grand penseur de la théorie des systèmes Russel Ackoff disait que nous étions à un moment de transformation radicale de notre regard sur le monde, comme nous l’avions fait plusieurs fois au cours de l’Histoire.

Effectivement, les anciens imaginent la terre comme une galette plate. Fascinés par la rotation des planètes autour du soleil, ils organisent la société à cette image : le roi est au centre, comme le soleil, la cour royale gravite autour de lui. La société est hiérarchisée, avec des sphères plus importantes que d’autres, et l’ensemble obéit aux lois souveraines.

Un peu plus tard, le progrès scientifique montre que le monde est étonnamment mathématique. Cette nouvelle façon de penser se formalise, notamment en occident, autour de quelques croyances bien ancrées : le monde ressemble à une vaste machine, son fonctionnement peut être compris par l’analyse de ses composants, indépendamment de leur environnement. Les phénomènes sont explicables en recherchant leurs causes, et tout effet a une cause.

Animé de cette pensée déterministe, l’homme occidental organise son activité à l’image de la machine qui occupe son imaginaire : rationnellement, industriellement, il construit des villes, des voitures, des avions, des ordinateurs, des radars. Il en oublie la nature, qu’il considère désormais comme une réserve de ressources à sa disposition. Les sociétés modernes reflètent encore cette conception mécaniste et rationnelle : hiérarchisées, formatées, elles érigent la performance en quête universelle, excluant les pièces « non conformes ». Quand survient une crise, on cherche le coupable, et la solution qui vient à l’esprit est naturellement de changer certaines pièces (les dirigeants, l’organisation, l’institution…).

Ce modèle est tellement obsolète qu’il nous conduit dans le mur. Comme si nous avions dans notre voiture des cartes géographiques datant du Moyen-âge au lieu d’un GPS. Une mise à jour collective de nos façons de penser s’impose, fondée sur la prise de conscience que le monde est un système vivant. Les lois deviennent alors très différentes. Pas de machine ici, mais un organisme dont les cellules (nous-même, notre famille, nos équipes, nos organisations, les institutions, les nations…) sont en relations étroites les unes avec les autres, échangeant en permanence de l’information et des nutriments (ou du poison ?). Toutes les parties du système sont interdépendantes, comme dans le corps humain. Ferions-nous plus attention les uns aux autres si nous portions cette vision du monde ?

Nous serions par exemple conscients qu’une infection dans une partie du corps affaiblit la totalité de l’organisme. Et que toutes les parties comptent : on ne rejette pas la main parce qu’elle est moins évoluée que le cerveau. Les hiérarchies pyramidales cèdent la place aux réseaux, aux échanges, à la polyvalence et au respect entre les éléments. Le système respire, s’adapte, évolue en permanence avec son écosystème. Le manager devient animateur d’échanges fructueux entre ses collaborateurs, les autres services, et les clients ; il résout les problèmes en sollicitant les parties prenantes concernées. Il est garant de la bonne santé de l’organisme vivant qui lui est confié, et pour y parvenir il ne raisonne plus « moi je » mais « nous ensemble ».