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Enquête

« Au-delà de la couverture sociale, les entreprises déploient des démarches de bien-être »

Enquête | publié le : 11.06.2013 | V. L.

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« Au-delà de la couverture sociale, les entreprises déploient des démarches de bien-être »

Crédit photo V. L.

E & C : Quels enseignements avez-vous tirés de l’étude réalisée par l’Orse et le BIT sur l’extension de la sécurité sociale dans les entreprises multinationales ?

F. F. : Nous nous sommes rendu compte de la difficulté des entreprises à renseigner ces thèmes. Pris sous l’angle du reporting, ce sujet les oblige à formaliser leurs engagements. À cet égard, le fait de réaliser des monographies a permis à certaines entreprises de formaliser des pratiques qui ne l’étaient pas jusqu’à présent. Nous avons constaté que, dans de nombreux cas, l’obligation de produire des indicateurs et des chiffres est vécue comme une contrainte qui ne sert ni en interne ni en externe. Ici, ce travail redonne du sens aux fonctions qui sont impliquées et révèle une vision stratégique de l’entreprise. Souvent, avec la couverture sociale, les entreprises impliquées déploient des démarches visant à favoriser le bien-être de leurs salariés et plus largement de leurs familles. Ces engagements traduisent aussi une volonté de non-discrimination entre les différentes catégories de salariés.

E & C : Plus précisément, quelles ont été les motivations des entreprises à agir sur le sujet ?

F. F. : Elles sont multiples. Tout d’abord, nous avons noté qu’il n’y a pas un enjeu d’image. La couverture sociale est plutôt un enjeu mineur dans les attentes des parties prenantes de la RSE. Toutefois, pour les multinationales, ce sujet peut avoir un intérêt évident de fidélisation des salariés, afin de lutter contre l’absentéisme et de diminuer le turnover dans certains pays émergents. Il y aussi la volonté de s’assurer que ce sujet ne soit pas un facteur discriminant entre salariés – femmes et hommes, locaux et expatriés, etc. Les objectifs peuvent également tenir au prolongement d’une politique de santé-sécurité, comme c’est le cas pour Danone ou pour Lafarge. Par ailleurs, si des entreprises pouvaient craindre que les salariés ne préfèrent obtenir directement du salaire, elles ont été rassurées par leur intérêt pour le sujet de la protection sociale.

E & C : Comment anticipent-elles le coût que peut représenter cette extension de la protection sociale ?

F. F. : En tout état de cause, les entreprises veillent à maîtriser les coûts, car, si à un moment donné, leur situation financière est fragilisée, elles ne doivent pas pour autant être gênées par des engagements de long terme. En amont, elles doivent donc bien prendre soin de réaliser un diagnostic de l’existant afin d’identifier les manques à combler : s’assurer des risques couverts, de l’étendue et de la qualité de la couverture, obtenir des informations sur la couverture obligatoire dans le pays et se situer par rapport au marché de référence. Elles doivent, bien entendu, déterminer quelle marge de manœuvre est laissée au niveau local : il n’y a pas de système unique. Pour ce travail, elles se font souvent accompagner par des cabinets de conseil ou des courtiers. De son côté, Sanofi a même partagé avec 16 autres grands laboratoires pharmaceutiques un état des lieux de la couverture sociale dans 67 pays.

E & C : Les entreprises déterminent-elles a priori un socle minimal de protection sociale ?

F. F. : Non, il n’y a pas de socle minimal, cela n’aurait pas de sens. Les entreprises se construisent leurs propres indicateurs de suivi, en fonction des réalités locales et des objectifs qu’elles se sont fixés. Danone a eu une approche intéressante en retenant trois critères : qualité des soins, accessibilité et reste à charge. À l’avenir, nous pensons que les innovations des entreprises viendront de leurs engagements vis-à-vis des femmes, pour faciliter leur recrutement et leur progression de carrière. Il y a encore beaucoup de pays où il n’existe pas de congés maternité rémunérés.

Auteur

  • V. L.